Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Une intrigue du XVIe siècle si proche de notre époque

Dans leur roman historique La Colline aux corbeaux, les Ramatuello­is Heliane Bernard et Christian-Alexandre Faure abordent de multiples thématique­s toujours d’actualité

- PROPOS RECUEILLIS PAR V.G. vgeorges@nicematin.f

L’histoire est un perpétuel recommence­ment, a-t-on coutume de dire, en reprenant la formule du politicien et historien grec Thucydide. Cela se confirme à la lecture de La Colline aux corbeaux, le roman qu’Heliane Bernard et Christian-Alexandre Faure viennent de publier (1). Historiens de formation, ces Ramatuello­is plongent le lecteur au début du XVIe siècle à Lyon et à Venise, à travers le parcours d’un jeune homme pauvre à l’ascension fulgurante. Progrès technologi­que avec l’arrivée de l’imprimerie, combines politiques, disparités économique­s, fanatisme religieux sont autant de thèmes, toujours d’actualité, abordés par les deux auteurs qui ont écrit cet ouvrage passionnan­t à quatre mains. Rencontre.

Comment est née l’idée de ce roman?

- Christian-Alexandre Faure: C’est un vieux rêve. Étudiant, je rêvais d’être historien du cinéma. - Heliane Bernard : Nous avions ce projet depuis très longtemps, nous y pensions déjà pendant nos études. Pour moi, l’important était de passer de la bibliothèq­ue au public, de transmettr­e la connaissan­ce. Ce que nous avons fait avec la revue Dada et les livres que nous avons édités. Ça a mûri ensuite car on n’avait pas le temps d’écrire. Le premier projet de roman, qui n’a pas abouti, portait sur des personnage­s qui vivaient l’Europe dans une période de mutation, comme aujourd’hui. Nous devions évoquer Barberouss­e, qui parlait sept langues.

On sent une grande rigueur historique dans votre travail…

- H. B. : De par notre formation, nous nous intéresson­s à des choses du passé que des non-historiens ne regarderai­ent pas. Nous avons une exigence d’exactitude. - C.-A. F: La thèse du livre du chevalier Bayard, que nous évoquons, nous l’avons découverte par hasard au cours de nos recherches. On a aussi appris beaucoup de choses sur Lyon, on a sélectionn­é ce qui nous intéressai­t.

Comment vous êtes-vous répartis le travail d’écriture ?

- H. B. : C’est très spontané. Chacun fait sa part. Lui a écrit les chapitres d’action, moi davantage les personnage­s. Et après on se fond l’un dans l’autre. On accepte l’intrusion de l’autre. Même si on a un chemin de fer, si le scénario est écrit, on garde aussi la liberté de partir ailleurs.

Obscuranti­sme, humanisme, place de la femme, ascenseur social, courtisane­rie, luttes de pouvoir… Vous évoquez de multiples problémati­ques de l’époque qui trouvent un écho

contempora­in. On peut même imaginer que le mouvement des Gilets jaunes n’est pas très éloigné de la révolte de  ? - H. B. : L’histoire est passionnan­te lorsqu’elle nous rapproche de ce qu’on vit. Les femmes prennent de l’importance, les filles de libraires apprennent à lire. C’est aussi une période où certaines peuvent s’émanciper. - C.-A. F : Dans le tome , on ira à la découverte du nouveau monde, qu’on vit de nos jours avec la conquête spatiale.

S’il y avait un message à retenir de ce livre ?

- C.-A. F. : Je dirai l’exergue du prochain livre : « Quel siècle je vois s’ouvrir devant moi ! Comme je voudrais rajeunir ». C’est une citation d’Érasme. J’ai l’impression qu’on met à nu des choses qu’on vit actuelleme­nt et je voudrais rajeunir. Je vois le côté positif de l’époque, comme le livre a été un bond en avant dans la connaissan­ce. - H. B. : L’importance de la transmissi­on du savoir. Nous vivons dans une période de transition dans tous les domaines.

Avec des personnage­s forts comme l’attachant Dioneo ou le machiavéli­que Symphorien Champier, de l’action et des mystères, du suspense, mais aussi les deux villes cinématogr­aphiques que sont Lyon et Venise, La Colline

aux corbeaux ne ferait-il pas un bon film ?

- C.-A. F. : Vous trouvez aussi ? Certaines scènes ont une vraie dimension cinématogr­aphique, comme l’entrée royale du nouveau roi François er à Lyon en  ou la révolte de la faim, la « Grande Rebeyne » de .

Outre le récit, passionnan­t, ce livre est un bel objet, avec du beau papier et de magnifique­s gravures. C’est aussi le premier tome d’une trilogie, intitulée Les Dents noires. Quand sortira le prochain ?

Dans notre vie profession­nelle, nous avons toujours été entre le texte et l’image, l’éditeur rend hommage à ce parcours avec ce beau livre. Même si le manuscrit du prochain est terminé, nous sommes en train de le corriger, on va d’abord laisser vivre celuilà, et aller à la rencontre des lecteurs (). Il sera publié en octobre . Il pourra se lire de façon autonome. Dans le tome , l’histoire finira ici dans le sud de la France. (1) La Colline aux corbeaux, (383 pages, 21 euros) publié aux éditions Libel, est le premier tome d’une saga historique intitulée Les Dents noires. (2) Rencontre et dédicaces avec Heliane Bernard et Christian-Alexandre Faure le 14 décembre à 17 heures, à la médiathèqu­e de Cavalaire.

La mythologie politique est au coeur de nos recherches ” Christian-Alexandre Faure

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(Photo Adeline Lebel) Unis dans la vie comme dans l’écriture, les Ramatuello­is Heliane Bernard et Christian-Alexandre Faure publient un roman historique dont on est impatient de lire la suite.

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