Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Une réponse sécuritair­e

- L’ÉDITO de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Ce qu’on attend du Président aujourd’hui? D’abord, disons-le, une réponse sécuritair­e. Pas question de laisser une troisième fois Paris abandonnée aux casseurs et à ceux des «gilets jaunes», nombreux samedi, qui fermaient les yeux ou, éventuelle­ment, leur donnaient un coup de main. Avenues dévastées, immeubles incendiés, au risque de brûler vif ceux qui y étaient paisibleme­nt installés, magasins pillés, pharmacies et banques vandalisée­s, il est impensable que de pareilles scènes se reproduise­nt samedi prochain. La réunion d’urgence réunie hier matin à la demande du président de la République a débouché sur une demande faite au ministre de l’Intérieur «d’adapter le dispositif du maintien de l’ordre dans les jours à venir». D’être plus efficace en somme. C’est bien le moins: il n’est pas sûr que ce soit suffisant pour rassurer Paris, à la veille des fêtes de fin d’année, d’autant qu’on se demandera toujours comment les forces de l’ordre ont pu être débordées, prises à revers, comment elles ont pu compter dans leurs rangs tant de victimes. Faut-il aller plus loin, instaurer l’état d’urgence ou déclarer, dans les endroits les plus chauds un couvre-feu? Faire sécuriser le périmètre des Champs-Elysées par l’armée? Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’une troisième émeute parisienne, samedi prochain, serait insupporta­ble et pointerait du doigt la faiblesse de l’exécutif. La deuxième réponse attendue est une réponse politique. Le Premier ministre devrait recevoir, dans les jours qui viennent, les représenta­nts des partis et les «gilets jaunes». Ce qui pose deux problèmes. Le premier est la représenta­tion des «gilets jaunes». Certes, dix d’entre eux, qui se disent modérés, et le sont peut-être moins qu’on le croit, font savoir qu’ils sont prêts à se rendre à la réunion proposée. Mais, on le sait, leur légitimité est déjà mise en cause par une partie des leurs, pour qui tout dialogue avec le gouverneme­nt est une trahison. Se rendront-ils à Matignon aujourd’hui, mardi, plus tard? Mystère. S’ils ne le font pas, il faudra se demander si leur but est de négocier ou de bloquer le système démocratiq­ue. Restent les représenta­nts des partis politiques. Une partie de ceux-ci dans les Alpes Maritimes et ailleurs, de François Hollande à Laurent Wauquiez, n’ont pas ménagé depuis trois semaines, leur soutien aux «gilets jaunes». Ils sont maintenant au pied du mur. Ils devraient savoir pourtant, qu’en dehors de Marine Le Pen peut-être, tous leurs leaders sont mis dans le même sac par ceux qui condamnent le pouvoir d’aujourd’hui. On attend d’eux qu’ils participen­t à la rencontre avec le Premier ministre, qu’ils cessent leur petit jeu de récupérati­on politique pour s’atteler, tous, à une sortie de crise honorable. Faute de quoi, c’est ensemble qu’ils risquent d’être condamnés.

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