Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
PUGET: BLOCAGE TOTAL AU DÉPÔT PÉTROLIER
A Brignoles et Saint-Maximin, comme ailleurs dans le Var, les élèves de lycées publics dénonçant «les réformes de l’Éducation» ont manifesté hier leur colère devant les établissements. Rencontres
À Puget-sur-Argens, le dépôt pétrolier a été bloqué par les Gilets jaunes toute la journée. De nombreux lycéens de Brignoles et Saint-Maximin ont repris la fronde ‘‘anti-Macron’’ à leur compte Interpellé lors des violences samedi, un Varois a été condamné hier par le tribunal de Paris.
Spontanément formée, la manifestation des lycéens de Maurice-Janetti à Saint-Maximin adébuté hier matin devant l’établissement. Très vite, une barricade composée de poubelles grands formats a été installée devant l’entrée principale. Des pancartes en carton annonçaient la couleur: «Macron démission», «Macron rend le pognon », « 14 millions d’abstentions, 4 millions de votes blancs et nuls », etc. « Ce n’est pas pour sécher les cours, argumente Margot, endossant le rôle d’organisatrice au pied levé. Ceux qui ne nous prennent pas au sérieux ont quitté l’école depuis longtemps. L’école d’aujourd’hui est différente de celle d’hier. Qu’ils viennent nous voir, on va leur expliquer qu’on n’a plus d’avenir, qu’on voit nos parents galérer, à un moment où nous sommes sur le point d’entrer sur le marché du travail ».
« Pas à l’écoute »
« Nous ne sommes plus libres de choisir avec le système Parcoursup C’est lui qui nous choisit, lâche un lycéen. Margot, 16 ans semble justement être la preuve concrète du parcours « subi » et ce, avant même l’épreuve du baccalauréat. « Je redouble ma seconde générale. Je souhaite me réorienter dans les métiers de la restauration pour devenir barman. On me dit “Non, tu finis l’année ”. Ce qui signifie que je vais devoir suivre trois ans de seconde au final ! » Dénonçant des autorités publiques « pas à l’écoute », une société créatrice d’« inégalités », les jeunes manifestants ont tenu à faire entendre leur colère hier toute la journée jusqu’à l’arrivée des transports scolaires. Sous le regard des gendarmes.
Soif de mesures concrètes
Bien loin d’être réfractaires à toute réforme, les lycéens alignaient des idées toutes autres que celles proposées par l’Éducation nationale. Des mesures concrètes qui visent le fond plutôt que la forme. À commencer par les langues vivantes, fort utiles dans une économie mondialisée. «L’anglais, par exemple, doit être une langue étrangère apprise beaucoup plus tôt dans la vie de l’élève. Moi j’ai commencé au CM1. Aujourd’hui, je ne maîtrise toujours pas cette langue», déplore une jeune fille. Tout à côté, une lycéenne de 15 ans suit les cours de première économique et social. Elle a sauté une classe. « On n’a pas les bons bagages. L’école doit nous apprendre à nous débrouiller dans la vie de tous les jours. Ce n’est pas le cas. Je pense, par exemple, que la philosophie pourrait être introduite plus tôt dans le cursus. Ça développe l’esprit critique et ça peut nous aider. » Autre doléance dans le pays de la gastronomie : la cuisine. Selon ces élèves, quelques heures de cours par semaine au lycée (ou même au collège) ne feraient de mal à personne. Au contraire. « On a de plus en plus des problèmes d’obésité. Pourquoi ne pas tous apprendre à composer des plats sains et bons pour la santé ? Il est vrai que des agriculteurs vivent aujourd’hui grâce aux produits chimiques et aux pesticides. On ne veut pas détruire de l’emploi mais juste bien manger ». Dernier thème à l’ordre du jour : l’écologie. « On est très en retard sur ces questions. Le réchauffement climatique, on est en plein dedans et on ne fait rien! Regardez, nous sommes début décembre et on est en pull ! ». Les contestataires promettent de tenir le «siège» devant le lycée chaque jour, au moins jusqu’à vendredi.