Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les questions des grands...
Comment arriviez-vous à dormir sur un tel bateau, qui va aussi vite, et parveniez-vous à rester vigilant en dormant heures sur ?
Sur un bateau qui va à - noeuds, rien n’est propice au sommeil, tout est au contraire fait pour empêcher de dormir ! Mais les premières minutes de sommeil sont les plus réparatrices et, en dormant quatre fois trente minutes, on récupère assez bien. Mais, entre les problèmes de pilote automatique et l’instinct de survie, je n’ai pas beaucoup dormi...
Cette course s’est déroulée en deux parties pour vous : une première où vous étiez en tête, une seconde où vous n’étiez plus en compétition pour la victoire. Comment avez-vous fait pour arriver à vous remotiver après avoir fait escale
à Lisbonne pour réparer ?
En fait, j’ai toujours été en compétition. Et si je ne pouvais plus rien attendre de la course après l’escale à Lisbonne, au fond de moi, je ne pouvais pas abandonner : parce que c’était ma dernière transat mais aussi pour toute l’équipe autour de moi (ému).
Votre instinct de survie a-t-il toujours été présent ?
Même quand j’étais en tête, en début de course, j’étais déjà en survie... C’est pour ça que je ne ferai plus de transat... Celle-ci a été trop dure, trop dangereuse : c’était inhumain. Je suis allé à la limite de ce que je peux faire, du bateau, de moi-même. Mais c’était inscrit en moi : je me suis dit que j’irai au bout quoi qu’il arrive.
On dit souvent que l’Océan Atlantique est une “poubelle” : qu’avez-vous constaté ?
Sincèrement, je n’ai pas vu de déchets... mais ça n’a pas toujours été le cas quand j’ai navigué, notamment au Havre, au Brésil, à New York, à Québec. L’Atlantique est plutôt épargné mais il faut faire attention et envisager une action pour le préserver et préserver la planète, pour l’environnement et pour la sécurité des bateaux qui naviguent. Pendant la Route du Rhum, nous n’avons rejeté aucun déchet en mer : nous en avions peu, nous les avons conservés et ramené à terre.
Avez-vous croisé beaucoup de bateaux ?
Un seul, à l’arrivée : j’ai cru que c’était un pêcheur... et c’était un Class ! Quand on est au large, rapidement, on ne voit plus personne.
Combien vaut votre bateau et où est-il ?
Il vaut , millions d’euros. Il est actuellement sur la route du retour sur un cargo : j’ai sa position, je sais exactement où il est. Il arrivera le ou le décembre à Lorient, où il sera désarmé puis vendu.
Vous avez choisi la difficulté en passant de Class à Multi...
Lors de la précédente Route du Rhum, en , quand j’ai débarqué du Class après m’être cassé un bras au bout de ou heures de course, je ne suis jamais remonté dessus : soit j’arrêtais, soit je repartais sur un nouveau projet. Cela aurait été la facilité de repartir en Class mais cela n’avait plus de saveur pour moi. Et le Class, c’est comme la Formule en course automobile, c’est le pied ! Je voulais vivre cette expérience et cela a été ma motivation, sinon, je ne serais pas reparti. Et, en quatre ans de Class, j’ai appris énormément de choses.