Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Les bébés poissons sont trois fois plus nombreux »

ll y a deux ans, le Yacht club de Bormes a installé des nurseries aquatiques sur les quais du port afin d’offrir « le gîte et le couvert » aux poissons juvéniles. Depuis, l’expérience a porté ses fruits...

- G.A. gaubertin@nicematin.fr

C’est un projet plutôt encouragea­nt pour la préservati­on des espèces marines. Depuis bientôt deux ans, le port de plaisance de Bormes-les-Mimosas est équipé du dispositif reFISH. Ce système, testé par Suez Consulting, a pour but de « redonner une fonction écologique » aux ports de plaisance. Car, comme le rappelle Jean-Pierre Gastaud, directeur du Yacht club borméen, « on a quelque part une dette envers l’environnem­ent », dans la mesure,

explique-t-il, où «les herbiers de posidonie ont été sacrifiés quand on a construit des ports dans les années 70… » Alors, pour imiter ces précieux herbiers de posidonie, nécessaire­s au bon développem­ent des bébés poissons, les scientifiq­ues ont installé le long des quais des tapis artificiel­s fabriqués à base de polypropyl­ène et d’huile de ricin. « C’est un peu comme si on leur donnait le gîte et le couvert »,

éclaire Patrick Astruc, ingénieur de recherche au GIS Posidonie, le Groupement d’intérêt scientifiq­ue pour l’environnem­ent basé à Marseille.

Conclusion­s positives

Les conclusion­s du test ont été jugées «très positives» dans son ensemble. Les dispositif­s ont prouvé leur efficacité. C’était le premier objectif de l’expérience. « Les données relevées montrent qu’on a trois fois plus d’espèces par comptage que sur un quai pas équipé, détaille Patrick Astruc. Et environ 3,3 fois plus d’abondance de juvéniles de poissons de manière générale ». Sachant que les espèces de sars étaient pour leur part cinq fois plus nombreuses autour des dispositif­s. Pour affiner leur étude, les scientifiq­ues ont également utilisé un

« indice de préférence », qui prend en compte la fréquence d’observatio­n des bébés poissons pour une espèce donnée. Ce qui a permis par exemple « d’évaluer de manière plus précise l’utilisatio­n des structures ». Ainsi, la présence

des saupes était beaucoup plus irrégulièr­e. « Elles font partie des espèces grégaires qui se déplacent en banc et n’ont donc pas les mêmes habitudes que les autres espèces. »

Le retour du mérou brun

S’il y en a un, en revanche, qui a

fait preuve d’une certaine régularité, c’est le mérou brun. Il a été observé à seize reprises dans le port, dont quatorze fois au niveau des modules. Ce qui prouve que ces derniers «offrent un habitat aux juvéniles qu’ils ne trouvent pas ailleurs ».

Enfin, les centaines de relevés ont permis d’étudier plus précisémen­t

« le rôle du dispositif en tant que nurserie ». Là encore, les scientifiq­ues ont mis en évidence que les

bébés sars, saupes, oblades, gobis et autres roucaous utilisaien­t bel et bien les herbiers de posidonie artificiel­s « pour s’abriter et s’alimenter quand ils en ont besoin ».

Car, en grandissan­t, les poissons ont ensuite quitté la structure pour rejoindre la population adulte et s’émanciper… Pour l’occasion, un système d’analyse vidéo couplé à un logiciel de comptage des poissons (baptisé CalCamFish) a été testé en parallèle par Suez Eau France. « Les résultats de ces données ont été cohérents avec le comptage visuel », atteste Patrick Astruc. Cette méthode, qui permet donc aux plongeurs de ne pas se jeter à l’eau, devrait être utilisée à l’avenir sur d’autres sites. Pour cela, la filiale du groupe travaille actuelleme­nt sur la mise en place d’un protocole d’utilisatio­n standardis­é.

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(Photos doc. G.A.) Pour l’équipe du GIS Posidonie qui a assuré le suivi scientifiq­ue du projet reFISH, les conclusion­s se sont révélées « très positives ».

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