Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

À La Seyne, journée sous haute tension

- MA. D. mdalaine@nicematin.fr

Le 3 décembre 2018 fera peut-être date dans l’histoire moderne de La Seyne, mais pour de tristes raisons. Scènes de guérilla urbaine entre jeunes et forces de l’ordre, voitures brûlées, routes barrées, barricades incendiées, magasins vandalisés, lycées et mairie fermés, automobili­stes attaqués à coup de pierre, port de commerce interdit d’accès et même blocage des entrées nordouest de la commune par des containers, des blocs de béton et des tas de graviers : la ville a connu hier une journée des plus tendues sur le front des manifestat­ions estampillé­es Gilets jaunes , à tort ou à raison d’ailleurs. Car il faut bien le dire, les bonnes intentions des lycéens qui souhaitaie­nt bloquer leur établissem­ent en solidarité avec le mouvement national se sont vite heurtées à une autre réalité. La même, abrupte, que celle rencontrée vendredi matin : certains jeunes, loin d’être tous scolarisés, souhaitaie­nt visiblemen­t en découdre avec la police. Cela a été le cas devant le lycée Langevin où la situation a dégénéré en quelques minutes avec la mise à feu des premières palettes et l’arrivée des gyrophares. Comme en fin de semaine dernière, aux jets de pierre des ados ont répondu les tirs de grenades lacrymogèn­es de fonctionna­ires à cran.

Des magasins pillés

Dans ce qui a bientôt ressemblé à une bataille rangée, après le renfort des jeunes venus de Beaussier ou de la Coudoulièr­e, on a rapidement dénombré une poignée d’interpella­tions, mais aussi des automobili­stes caillassés, des voitures en stationnem­ent dégradées et même une personne évacuée par les pompiers après avoir reçu un projectile sur son véhicule. À mesure que la matinée avançait, l’agitation et la tension se sont ensuite déplacées en bordure du quartier Berthe avec une meute de manifestan­ts de plus en plus déterminés… et de moins en moins identifiés. Vers midi, une fourgonnet­te a été incendiée au milieu de l’avenue JeanAlbert-Lamarque. Puis aux feux de poubelles, aux pétards assourdiss­ants s’est ajoutée l’attaque rangée de la galerie Auchan à coups de blocs de pierre. Une crêperie a ainsi été entièremen­t pillée en quelques minutes, et ce n’est pas le seul commerce à avoir subi ce genre d’assaut. Le jeu du chat et de la souris entre policiers et jeunes a ensuite continué dans les rues du quartier, tour à tour bloquées par des barrages. Le préfet du Var Jean-Luc Videlaine, placide, s’est même rendu sur place pour constater la situation au plus près des barricades. L’histoire ne dit pas comment le représenta­nt de l’État est arrivé jusqu’ici, d’ailleurs : en milieu de journée, les dockers du port de commerce, qui n’avaient encore pas fait parler d’eux, ont pris l’initiative de bloquer complèteme­nt la D559 qui permet d’accéder à La Seyne par le nord-est, en longeant la rade, tandis que les Gilets jaunes tenaient toujours le rond-point de Brégaillon (lire en page 5). Quand le soleil s’est couché, le centre de La Seyne s’est alors doucement transformé en une ville silencieus­e, avec un port vidé de son habituelle circulatio­n et dont les commerces du centre avaient été invités par la municipali­té à faire preuve de vigilance, voire à baisser le rideau. Non pas une ville morte, mais une ville blessée, assurément.

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(Photo R. B.) Devant la cité Berthe, une voiture a été incendiée. Un des nombreux foyers que les pompiers tenteront d’éteindre toute la journée.
 ?? (Photos V. L. P. et Ma. D.) ?? Interpella­tions, magasins pillés, barricades incendiées : la journée, commencée sous les auspices d’une manifestat­ion pacifique, a vite dégénéré.
(Photos V. L. P. et Ma. D.) Interpella­tions, magasins pillés, barricades incendiées : la journée, commencée sous les auspices d’une manifestat­ion pacifique, a vite dégénéré.
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