Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Assises: un quiproquo et un coup mortel à Fréjus
Devant la cour d’assises du Var qui doit le juger, Omar Boussaha, 28 ans, cuisinier à Fréjus, a maintenu ses aveux, hier en début d’audience. « Oui, je reconnais tout. » En l’occurrence d’avoir volontairement porté un coup de couteau dans le flanc, qui a été à l’origine de la mort de Moez Chalbi, comme l’a précisé le président François Guyon ? « Je faisais un balayage avec mon couteau de droite à gauche, pour l’éloigner. Mais pas en avant. Je ne comprends pas. Il voulait me frapper pendant que je faisais le balayage. Peut-être il s’est avancé ? » L’empalement accidentel de la victime ne fait cependant pas partie des poursuites, qui font encourir à l’accusé vingt ans de réclusion.
Un conflit pour un malentendu
Les faits s’étaient produits le soir du 4 septembre 2016, dans la rue Montgolfier à Fréjus. Omar Boussaha a confirmé que ce soir-là il était venu dans le centre-ville afin d’y rencontrer Moez Chalbi, pour régler un différend futile qui les opposait depuis la veille. Ce 3 septembre, dans une conversation téléphonique avec un ami, au sujet d’un certain Mourad, Omar Boussaha s’était emporté et avait lâché une insulte envers ce dernier. Mais Moez Chalbi avait entendu cette insulte et avait pensé qu’elle visait son propre cousin Mourad. Le soir même, une altercation avait opposé les deux hommes. Omar Boussaha, plus fluet que son adversaire et handicapé par une prothèse au bras droit, avait eu le dessous. Mais il tenait à désamorcer ce conflit absurde, et avait donné rendez-vous à la victime le lendemain rue Montgolfier.
Voix d’outre-tombe
Ils s’y étaient retrouvés, et Moez Chalbi l’avait entraîné hors du champ de vision des caméras de vidéosurveillance. À nouveau, Omar Boussaha avait subi une correction. Mais il s’était réfugié près de sa voiture, et y avait pris le couteau à viande qu’il y avait placé. « Je n’aurais pas dû le prendre. Je l’avais pris en me disant : “On ne sait jamais”. Je l’ai pris pour l’éloigner, pour qu’il coure en le voyant. » Le médecin légiste expliquera ce matin aux jurés de quelle manière Moez Chalbi a été atteint dans la région du coeur, par un coup porté sous l’aisselle gauche, à 19 h 13 précises. À cette heure-là, la victime a appelé le 17 sur son portable, pour demander du secours. Cette communication de 40 secondes a été auditionnée par la cour. On y entend la voix de Moez Chalbi, affolé mais encore lucide. « Appelez les pompiers… J’ai pris un coup de couteau… Je perds beaucoup de sang… Je vais mourir. » Et, à l’opératrice qui insiste pour lui demander à quel endroit envoyer les secours, sa voix un peu plus faible répond qu’il est devant une banque. La voix de Moez Chalbi baisse encore, il psalmodie une phrase en arabe. On comprend que c’est une prière. Il est décédé au cours de son transport par le Smur vers l’hôpital de Fréjus.