Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À Brégaillon, le mouvement n’a que faire des annonces
« De la m… »,« On n’en à rien à f…» C’est peu dire qu’à Brégaillon, les annonces d’Édouard Philippe ont été accueillies avec « scepticisme » par les dizaines de manifestants qui tiennent le secteur depuis la semaine dernière… Pourtant, celui qui ne serait pas au fait de la situation de blocage du port de commerce de La Seyne aurait pu croire à un léger mieux sur ce front « jaunard ».
« C’est de l’enfumage »
En effet, depuis hier aprèsmidi, les camions turcs bloqués dans l’enceinte portuaire depuis cinq jours ont été, via un accès secondaire, autorisés à en sortir. Mais au compte-gouttes. À noter que lundi, la chambre de commerce avait pris soin d’acheter des vivres à ces 150 routiers orientaux qui ignorent tout du conflit actuel. C’est un accord passé avec les dockers et le personnel de la chambre de commerce et d’industrie (CCI), après de vives discussions, qui a conduit à cette évolution. En contrepartie, les «portuaires» s’étaient engagés à rétablir, en soirée, la circulation automobile sur la D559, libérant le rond-point de la Pyro et le carrefour du 8-mai-1945. En gros, les automobilistes seynois vont de nouveau pouvoir rentrer chez eux sans galérer… et emprunter la route qui leur permettra d’admirer l’imposant barrage qui interdit l’accès à Brégaillon. Et, au besoin, manifester leur soutien à la « cause », comme réclamé derrière les barricades. Mais les Gilets jaunes sont formels, le Premier ministre n’a rien à voir là-dedans. « C’est de l’enfumage. On survit toute l’année et on n’a plus rien à perdre », s’énerve Audrey, pas prête à lever le camp. « Les dockers veulent qu’on les laisse travailler et les Gilets jaunes qu’on les laisse bloquer : c’est juste un compromis », explique un cadre de la zone industrialo-portuaire, un tantinet désabusé. Quant à l’ambiance sur le site, elle n’est pas des plus sereines. Certains déplorent ce qu’ils estiment être un« baissage de froc » suite aux annonces, d’autres ont carrément quitté la zone. L’un des leaders résumait pourtant la position majoritaire de ce noyau dur de manifestants, déterminés à « faire partir Macron »:« On laisse sortir, on ne laisse rien rentrer. Un blocage où on laisserait rentrer en filtrant, ça s’appelle un enfiltrage… »