Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«L’Europe pour tremplin»

Sébastien Tillous-Borde, l’entraîneur des trois-quarts toulonnais plutôt discret jusqu’ici, veut que la Champions cup soit un véritable tremplin pour le championna­t

- PAUL MASSABO

Sébastien Tillous-Borde a retrouvé le sourire qu’il n’avait, il est vrai, jamais véritablem­ent perdu. Au lendemain de la deuxième victoire bonifiée de la saison face à Grenoble (la première a été acquise face à Agen), le néo-entraîneur des trois-quarts toulonnais, réconforté, se veut serein pour la suite de la saison. Arrivé dans le Var en juin 2011, il a porté le maillot rouge et noir pendant sept saisons, dont trois glorieuses. Depuis ses nouvelles attributio­ns au sein du RCT, l’ancien demi de mêlée ne s’était pas montré très prolixe, préférant prendre ses marques avant de s’épancher dans la presse. En début de semaine, « Titi » est sorti de sa relative réserve pour donner ses premiers ressentis en sa qualité de coach.

Passer du poste de joueur à celui d’entraîneur d’une saison sur l’autre a été difficile ?

Pas vraiment, non. Tout se passe bien et ce, aussi bien avec mes anciens partenaire­s qu’avec Patrice (Collazo) et Juan (Fernandez Lobbe). En fait, la transition s’est faite naturellem­ent. J’ai le respect des joueurs, la réciproque est vraie, bien évidemment.

Quel est le poste le plus difficile à tenir : celui d’entraîneur ou celui de joueur ?

Quand tu es joueur, tu es davantage « égoïste ». Tu penses à ton jeu et à bien faire ce qui t’incombe. En tant qu’entraîneur, tu dois penser pour les autres en cherchant l’harmonie autour du collectif. En fait, tu passes après tout le monde.

Les journées sont désormais plus longues ?

Aujourd’hui, j’arrive avant six heures du mat’ à Berg, et je finis rarement avant - heures. Il m’arrive même de commencer à travailler le dimanche en fin d’après-midi, au grand dam d’ailleurs de ma femme, pour préparer la semaine. Outre le travail sur le terrain, il y a toutes les analyses vidéo sur nous et sur l’adversaire à venir. On doit ensuite composer avec le suivi médical et mener tout ça sous la direction de Patrice. Personnell­ement, j’adore tout planifier, et j’apprends au travers de l’expérience de Patrice qu’on ne peut pas le faire au quotidien. Il faut toujours composer avec les aléas. Mais je fais comme les autres, je m’adapte.

Quelles satisfacti­ons vous procurent ce nouveau rôle d’entraîneur ?

On éprouve parfois du plaisir, d’autres fois de l’agacement. Quand on voit en compétitio­n le fruit de notre travail à l’entraîneme­nt, c’est jouissif. En revanche, d’autres fois, ça rend fou. Le grand changement, c’est qu’aujourd’hui en tribune ou sur le bord de touche, on n’a plus la maîtrise pour changer les choses. Et quand ça ne va pas comme prévu, comme c’était par exemple le cas face aux Grenoblois, voir que le message passe à la pause est satisfaisa­nt. Ça montre que nous avons un impact, une influence auprès du collectif.

Comme joueur, vous étiez très exigeant envers vous-même. J’imagine que cet état d’esprit n’a pas changé de ce côté-là ?

En effet. Je suis toujours exigeant envers moi-même. Et j’ai appris au cours de ma carrière qu’on jouait comme on s’entraînait. Bien s’entraîner doit être une habitude. Être propre dans le travail devient une obligation.

Que manque-t-il aujourd’hui au RCT pour relancer durablemen­t la machine ?

On manque de régularité. Si on parvenait à gagner trois matches d’affilée, on basculerai­t dans quelque chose de très positif. On le sait tous : la victoire appelle la victoire. Mais pour cela, il faut gommer notre indiscipli­ne chronique. Si je ne remets pas en cause l’arbitrage, le carton rouge sur Romain Taofifenua face à Bordeaux-Bègles était par exemple tout à fait justifié, je regrette en revanche le manque de cohérence dans les décisions. A nous de trouver le juste équilibre entre engagement et maîtrise. Il faut être à la limite de la règle sans la dépasser. Et pour cela, il faut remettre cent fois sur le métier l’ouvrage.

Finir dans le top  en fin de saison, vous y croyez vraiment ?

Absolument ! À la dixième place aujourd’hui, on est à onze points du sixième. C’est beaucoup et peu à la fois. Tout ça ne tient qu’à nous. On n’a pas pris de raclée à l’extérieur (excepté au Stade Français N.D.L.R.). Si on ne connaît plus de problème de blessures avec nos forces vives, on peut enchaîner de belles choses. On a toujours besoin d’un match référence à Mayol, même si le succès bonifié contre Grenoble a fait du bien comptablem­ent et aussi dans la tête.

Dans quel état d’esprit allez-vous aborder la Champions Cup, après vous être pris les pieds dans le tapis d’entrée à Mayol contre Newcastle ?

Aujourd’hui, l’Europe est un bon tremplin pour le championna­t. Il sera important de se retrouver dans le jeu et présenter quelque chose de consistant. On peut aller chercher un truc. Samedi, on alignera une équipe très compétitiv­e. Pour avoir été trois fois champion d’Europe, vous comprenez que cette compétitio­n me titille. Samedi, on essaiera de faire un très bon match face à une belle équipe de Montpellie­r qui n’est actuelleme­nt pas au mieux. « Titi » rêve de ramener le RCT, là où il était. En s’appuyant sur des leaders dans l’âme (et de citer pêle-mêle au chapitre des troisquart­s Bastareaud, Trinh-Duc, Belleau, mais aussi Bonneval, Webb ou encore Savea), il veut, après six mois difficiles, permettre au club de son coeur de retrouver d’ici la fin de saison tout son éclat. Vaste et beau programme en perspectiv­e.

‘‘ Tu cherches l’harmonie”

‘‘ On joue comme on s’entraîne”

 ?? (Photo Dominique Leriche) ?? Sébastien Tillous-Borde, ci-dessous à l’entraîneme­nt, au côté de Patrice Collazo et Juan-Martin Fernandez Lobbe est attaché à cette coupe d’Europe.
(Photo Dominique Leriche) Sébastien Tillous-Borde, ci-dessous à l’entraîneme­nt, au côté de Patrice Collazo et Juan-Martin Fernandez Lobbe est attaché à cette coupe d’Europe.
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