Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Quatre frères, quatre bateaux, quatre océans”

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moral. J’ai même fait demi-tour, mais finalement je ne me suis pas arrêté. Et ensuite, ça s’est plutôt bien goupillé. Ce qui m’a vraiment fait ch..., en fait, c’est cette arrivée, où je pète ma grand-voile. Je perds quatre heures, quatre places au général... et la place de premier Méditerran­éen, puisque Kito de Pavant me double juste avant l’arrivée (rires).

Bon, et côté satisfacti­ons ?

Ce qui me satisfait le plus, c’est qu’il y avait  Imoca au départ, et au milieu de toutes les polémiques qu’il y a eu à ce sujet, je fais des Imoca, avec ma bicyclette (rires) .Et ça, ça me plaît.

Ça donne envie de recommence­r?

Oui. J’ai eu quelques problèmes, mais je me suis bien éclaté. La tempête, les trois dépression­s, je n’ai pas trouvé que c’était monstrueux. C’était juste pénible les premiers jours, quand le bateau n’avançait pas, mais dès que j’ai réparé, j’ai envoyé du gaz. Le bateau était sous l’eau ! À fond la caisse ! Trop bien ! Je l’avais dit : dans les alizés, ce sera pied au plancher et on verra bien. À un moment, j’avais quatre voiles.  noeuds,  m de toile, sous la pluie... C’était géant !

Par rapport au Vendée Globe...

(Il coupe). Ça n’a rien à voir. La difficulté est physique. Mais la dureté morale, il n’y en a pas.

En parlant de ça, où en est votre projet de prendre le départ de la prochaine édition de ce tour du monde... avec vos trois frères ?

On s’est concentré sur la Route du Rhum, mais maintenant, ça devient la priorité de monter ce projet très ambitieux et historique. L’idée, c’est quatre frères, quatre bateaux, quatre océans. Pour porter les valeurs de la famille. Pas les valeurs de la famille Destremau, celles de la famille au sens large, avec ses individual­ités. Ses maillons faibles, ses maillons forts, des gens qui se révèlent, des gens qui faiblissen­t et qu’il faut aider... C’est une histoire de dingue. J’espère qu’on va y arriver.

Il faudra notamment quatre bateaux...

Le bateau, c’est vraiment un outil. On en a déjà un, et il y en a  disponible­s sur le marché. Après, est-ce qu’on aura les moyens suffisamme­nt tôt pour engager quatre mecs ? Trois ou deux, ce serait déjà une histoire formidable. Ce n’est jamais arrivé sur le Vendée Globe. Nous, on n’a pas besoin de beaucoup d’argent. Comme on n’a pas d’ambition sportive autre que finir, le support n’est pas important. Aujourd’hui, on n’a pas quatre bateaux, on n’a pas quatre budgets, mais ça se construit. On est à deux ans du Vendée Globe, et moi, deux ans avant le départ du dernier, j’étais à la rue. Je n’avais rien. Même si le projet est très ambitieux, je ne suis pas trop inquiet. Mais c’est sûr qu’il faut de vraies réponses des partenaire­s rapidement.

Votre histoire sur le dernier Vendée Globe, votre médiatisat­ion, votre facilité à communique­r... ça peut aider ?

Le Vendée Globe, ça s’imprime dans les gens. La Route du Rhum, ça s’oublie plus vite. Mais on a fait le buzz, quand même. Ce n’est pas volontaire, mais au niveau « valeur marchande », la Route du Rhum c’est une très belle opération pour nous. Xavier Lafaure, le PDG d’AlcatrazIt, cette petite entreprise toulonnais­e qui bouge, en a retiré beaucoup de choses. Et deux PDG de très grosses boîtes ont pris la peine de m’écrire pendant la course pour me dire que c’était génial, ce que je faisais.

Il va également falloir se qualifier sportiveme­nt...

Moi je suis déjà qualifié, puisque j’ai terminé la dernière édition. Pour mes frères, il y a des épreuves qualificat­ives. Il devrait y en avoir une à Valence en juin prochain, et en novembre, il y a la Transat Jacques-Vabre. Il faut absolument qu’ils y participen­t, autrement ils auront trop de retard dans la course à la qualif.

Sur ce bateau ?

Oui. C’est un bateau qui permet de faire des courses avec un budget restreint. Un bateau vraiment solide, sur qui on peut tirer sur la gueule, et qui a toujours terminé ses courses. Ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là. Si pour le prochain Vendée Globe, on a quatre , ou des bateaux similaires, ce sera très bien.

Votre objectif restera donc de terminer, et pas d’essayer de faire un résultat ?

Il ne faut jamais se tromper d’objectif. Si j’y allais seul, ce serait pour faire la course, ce qui signifie modifier le bateau ou en trouver un autre. Mais je ne raconterai­s pas la même histoire. Là, l’histoire qu’on veut raconter, c’est l’histoire de famille. Finir ou dernier, je m’en fous. Et mes frangins, c’est pareil. Ils n’en ont rien à cirer.

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