Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
«Depuis ans, je me suis investie sans compter»
Après avoir annoncé sa décision le matin en conseil communautaire, Josette Pons nous a reçus pour un entretien dans ce qui est encore son bureau pour quelques heures, au siège de la communauté d’agglo, au quartier de Paris.
Vous venez d’annoncer votre démission… C’était un moment douloureux ?
Non, pas vraiment douloureux, car c’est mon choix. Par contre, ça a été un grand moment d’émotion. C’est comme ça, on ne sait pas toujours comment les choses avancent, et se terminent…
Pour quelles raisons démissionner ?
Ce choix est uniquement dicté par des raisons personnelles, familiales, sur lesquelles je ne souhaite pas m’étendre… Ma famille, mon mari ont toujours été là pour moi, pendant toute ma carrière politique, ils m’ont toujours soutenue, dans les bons et les mauvais moments, je dois leur exprimer ma gratitude…
Peut-on dire qu’il s’agit d’un premier pas vers un retrait de la vie politique ?
Oui, on peut en effet le dire comme ça. Après avoir gagné l’élection municipale en à Brignoles, j’avais prévu d’y rester jusqu’en , et de tout arrêter à cette date. Mais les circonstances font que cette décision doit aujourd’hui être anticipée. Il est temps pour moi de tourner la page.
Quand vous regardez votre parcours, quels sont vos plus grands motifs de satisfactions ?
Ils sont nombreux… Je suis élue depuis ans, je me suis beaucoup investie, sans compter, et je me suis beaucoup passionnée. C’est ça, ma principale satisfaction.
Avez-vous des regrets ? Si oui lesquels ?
(Elle réfléchit) Non, je n’ai pas vraiment de regrets. J’aurais en effet souhaité aller au bout de mon mandat, mais les circonstances personnelles font que ce n’est pas possible, c’est ainsi…
Vous avez été maire, viceprésidente du conseil général, députée, présidente d’interco… Forte de ce regard, et à l’heure où les Français semblent réclamer une réduction du « millefeuille » institutionnel, quelles institutions vous semblent susceptibles d’être supprimées, ou tout du moins de fusionner entre elles ?
(Elle réfléchit) Je crois qu’il faut retenir l’importance essentielle du rôle du maire. C’est le pilier de la démocratie, celui sur lequel les citoyens s’appuient. Si vous demandez à des personnes dans la rue, peu d’entre elles connaissent leur conseiller départemental, voire même leur député, mais tous connaissent leur maire. D’ailleurs, ce que je retiens aussi de mon expérience de députée, c’est qu’il est essentiel d’avoir eu une expérience d’élu local en parallèle…
Qu’est ce qui vous a motivé à l’époque à vous lancer en politique ?
C’est assez personnel… Mon grand-père avait longtemps été maire de Saint-Cyr. Après s’être retiré, il m’a un jour conseillé de m’engager auprès d’un candidat aux élections de , Bernard Revest, et m’a recommandé auprès de lui… Notre équipe a été élue, et réélue en . En , faisant face à des soucis de santé, Bernard Revest a démissionné, et a estimé que j’étais la plus qualifiée pour lui succéder, ce que le reste de l’équipe a partagé, c’est ainsi que je suis devenue maire de Saint-Cyr.
Vous avez exercé le mandat de maire dans trois communes différentes, ce qui constitue une rareté ()…
(Rire) Oui, ce sont les circonstances qui l’ont voulu… J’ai été vaincue à Saint-Cyr en , mais ai entre-temps été élue conseillère générale du canton du Beausset. Et puis aux municipales de , la situation était compliquée au Beausset, et on m’a suggéré de m’y présenter, en ma qualité de conseillère générale du canton… J’ai alors été élue maire du Beausset, mandat quitté en après être devenue députée. Et en , c’est différent. On m’a envoyé à Brignoles en mission, pour éviter une victoire du FN. Avec Didier et notre équipe, nous avons accompli notre mission.
Il est temps pour moi de tourner la page.”
Avez-vous le sentiment d’avoir été une pionnière en tant que femme engagée dans la vie politique dans la région ?
Je ne sais pas vraiment… Mon engagement politique et ma carrière ont surtout été encouragés par des hommes : mon grand-père, Bernard Revest, Maurice Arreckx, Hubert Falco, Horace Lanfranchi… Mais il est vrai que nous étions alors que très peu de femmes.
Comment voyez-vous votre rôle de conseillère municipale et conseillère communautaire jusqu’à la fin du mandat ?
Je resterai investie jusqu’à la fin du mandat comme conseillère à l’agglo comme à la mairie de Brignoles. Didier sait pouvoir compter sur moi.
Comme à la mairie de Brignoles, vous faites de Didier Brémond votre héritier politique à l’agglo…
Le vote le décidera, mais oui je souhaiterais que Didier me succède. C’est cohérent, dans la continuité de notre action commune. Et comme dans beaucoup d’EPCI, il me semble logique que le siège d’une intercommunalité se trouve dans sa commune la plus grande, et que sa
présidence soit assurée par un représentant de cette municipalité phare.
Cette interco est encore toute jeune, et a vu le jour au forceps, sous pression de l’Etat. Estimez-vous aujourd’hui que ce « bébé » se porte bien ?
La naissance de l’agglo n’a pas été évidente au départ… C’est celle du Var qui compte le plus de communes, , et cela multiplie les risques d’avoir des intérêts divergents. Chaque maire défend d’abord les intérêts de sa commune et c’est bien normal. Mais aujourd’hui je pense qu’on peut dire que l’agglo est bien sur les rails, et j’ai le sentiment que les élus des communes le ressentent ainsi. La structure fonctionne bien, des projets sont lancés. Et la Provence verte dispose d’une identité de plus en plus forte parmi la population.
Comment imaginez-vous l’avenir et le développement de la Provence verte ?
Ce territoire est vaste, magnifique, stratégiquement placé d’un point de vue géographique entre les métropoles régionales… Il est aujourd’hui en plein développement, notamment d’un point de vue économique. Il s’agit d’encourager et d’accompagner ce développement sans rien perdre de sa qualité de vie.
1. À notre connaissance, c’est un cas unique en France métropolitaine. 2. À une époque où la parité n’existait pas, Josette Pons était notamment la seule femme à siéger lors de son accession au conseil général du Var en 1988.