Sur cette pierre...

On peut se tromper de cible, mais pas d’objectif. Hier, une poignée de lycéens de Jean-Moulin à Draguignan s’est sans doute laissée griser par un ridicule appel à la violence, issue d’éléments extérieurs à leur établissement. Ils ont ainsi trahi toutes les valeurs républicaines que leurs enseignants espèrent leur inculquer au quotidien. Bien sûr, on peut manifester son ire, sa colère, et se joindre à un mouvement appelant de ses voeux un monde meilleur. Mais s’associer, de façon parfois candide, à des jets de pavés et cailloux contre les «flics» est d’une hallucinante bêtise. Ces gamins ont conscience que l’avenir leur appartient. Mais si, comme les y encouragent d’indésirables extrêmes, ils pensent que c’est par la force que l’on résout les problèmes, il y a là une position très ambivalente. Parce que faire la part des choses entre la rébellion de la rue et la réflexion qu’elle doit engendrer (entre gens responsables), doit les faire phosphorer. Au-delà de l’intense jouissance de faire du bruit et d’enflammer des poubelles, ces ados doivent aussi se persuader que les réseaux sociaux ne sont pas toujours le miroir de leur réalité. Ce monde d’aujourd’hui et de demain, c’est à eux de le construire, en connaissance d’un système politique qui, s’il n’est pas parfait, leur donne la parole. Ils ont raison de la prendre, mais ce n’est certainement pas sur des jets de pierres qu’ils bâtiront leur futur.