Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Assises: douze ans au braqueur de proximité
Jérôme Valensisi avait reconnu trois vols à main armée dans une station-service et une épicerie à Solliès-Pont et Solliès-Ville. Son casier judiciaire n’a manifestement pas joué en sa faveur
Pour sanctionner les trois braquages commis par Jérôme Valensisi, entre mai et août 2016, dans des commerces de proximité voisins de son domicile, l’avocat général a requis hier dix ans d’emprisonnement devant la cour d’assises du Var. Celle-ci a dépassé ces réquisitions, pour porter la peine à douze ans de réclusion, en précisant qu’elle avait retenu contre l’accusé l’état de récidive légale. À 39 ans, Jérôme Valensisi, totalisait en effet dix condamnations depuis ses 18 ans, pour un total de dix-neuf ans de prison, sur lesquels il avait effectivement purgé douze ans. Peut-être fallait-il voir dans ce passif la raison qui avait conduit à le renvoyer devant la cour d’assises, plutôt qu’opter pour une « correctionnalisation » des poursuites.
La prison comme refuge
S’agissant de la personnalité de l’accusé, selon les experts elle était sous-tendue par un vécu abandonnique. Après le décès prématuré de sa mère à l’âge de 4 ans, il avait passé son enfance auprès d’un père alcoolique qui le laissait seul, livré à lui-même, sans repères ni limites. Pour le psychiatre, cet isolement jusqu’à la fin de l’adolescence a engendré « un trouble dépressif qui ne le quittera plus jamais ». Quant à ses incarcérations successives, l’expert y a vu « une sorte de suicide social ». Pour le psychologue, ce vide à l’enfance l’aurait fait basculer jeune dans la délinquance, « et il perçoit la prison comme un refuge utérin ».
Clémence invoquée
Pour l’avocat général Dominique Mirkovic, Jérôme Valensisi n’était pas un amateur : « Son casier parle pour lui ». Les faits ayant été avoués par l’accusé, il a principalement mis en relief le traumatisme que la cour a pu constater auprès de toutes les victimes. « C’est ce qui fait la gravité de ce type d’attaques de petits commerces, cibles faciles des petits voyous. » En défense, Me Didier Hollet a fait observer que ces vols à main armée avaient parfois été perpétrés avec les moyens du bord : «Un braqueur à VTT, ce n’est tout de même pas le moyen le plus facile pour s’enfuir. » Ce qui lui importait, c’est que les jurés prennent la mesure de «sa prise de conscience » en prison, centrée autour de sa fillette, auprès de laquelle il semble vouloir jouer le rôle du père qu’il n’a pas eu. « Il faut comprendre le parcours chaotique de cet homme, qui a souffert, et s’est construit dans la transgression. » Dans le box, Jérôme Valensisi a accusé le coup à l’annonce du verdict.