Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Marseille sous surveillance
Deux mille Gilets jaunes ont défilé hier dans le calme à Marseille depuis le Vieux-Port jusqu’à la préfecture de région, avant que certains d’entre eux ne rejoignent une manifestation pour le climat en début d’après-midi, laquelle a réuni 10 000 personnes, selon la préfecture de police. Quelque 600 policiers ont été mobilisés dans les Bouches-du-Rhône, selon la même source. Onze personnes ont été interpellées dans ce département dont 7 à Marseille, lorsque des échauffourées ont éclaté à la tombée de la nuit entre les forces de l’ordre et des centaines de jeunes gens masqués et encagoulés. Les marins-pompiers ont pris en charge sept personnes légèrement blessées. Dans la matinée, les Gilets jaunes ont défilé du Vieux-Port à la préfecture de région où une délégation a été reçue. « Nos revendications qu’on a tous, salariés, retraités, chômeurs, chefs d’entreprise de PME ou de PMI, c’est notre pouvoir d’achat, et c’est qu’on soit respecté, qu’on nous écoute » ,a déclaré à la foule Viva Noé, responsable d’une page Facebook, « Stop au racket Méditerranée ».
Un bouquet de fleurs à la main
Sylvia Paloma, 70 ans, venue défendre ses droits de retraitée, un gilet jaune siglé “Macron, démissionne, fais pas le con” sur le dos et un bonnet phrygien sur la tête, lance : «Arriver à notre âge et demander l’aumône, c’est pas possible ! Il faut que Macron, au lieu de se cacher, parle ouvertement. Qu’il dise, “je vous entends, je vous ai compris! ” ». «Je touche 1 248 euros de retraite et c’est mes quatre enfants qui doivent m’aider », ajoute cette ancienne fonctionnaire territoriale. Thomas Lefeuvre, 24 ans, père d’un enfant, défile, un bouquet de fleurs d’oiseaux de paradis à la main : « J’attends une réponse du président, on veut des référendums d’initiative citoyenne ». Il dit gagner 1 300 euros par mois en travaillant « 45 heures par semaine » et avoir du mal à joindre les deux bouts.
Les marcheurs pour le climat allongés sur le Vieux-Port
Vers 14 heures, derrière plusieurs pancartes jaunes et vertes, environ 10 000 marcheurs pour le climat ont réclamé, eux, « une transition écologique et solidaire ». « Notre marche est citoyenne et ouverte à tous, beaucoup de Gilets jaunes veulent changer le système », a observé Boris Kalin, l’un des organisateurs de cette marche à Marseille. Sophie Moulet, une entrepreneuse qui loue des vélos électriques à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), est venue avec un gilet jaune siglé “France Insoumise” et un bonnet vert, surmonté d’une abeille en peluche. « Pour l’instant, c’est le gros bordel, mais il faut s’unir et être solidaire », estime cette manifestante. « C’est pas facile, les gens préfèrent pouvoir prendre leur voiture et nourrir leurs gosses, mais peu à peu ils prennent conscience » de l’urgence climatique, ajoute-t-elle. Avant de défiler, les manifestants se sont allongés par terre sur le VieuxPort, le temps d’un « die in » d’une minute pour le climat.