Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les cahiers de doléances font plus ou moins recette

L’appel de l’associatio­n des maires ruraux à ouvrir les portes des mairies hier a été moyennemen­t suivi mais cet exercice de démocratie directe reste positif là où il a eu lieu

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Ouvrir les portes des mairies pour inviter les citoyens à s’exprimer sur des cahiers de doléances. Cet appel lancé par l’Associatio­n des maires ruraux de France et relayé localement par le maire de Néoules, André Guiol, président de l’Associatio­n des maires ruraux du Var, a reçu un accueil mitigé hier. Certains ont joué le jeu, avec un succès plus ou moins important, d’autres ont préféré ne pas le faire, pour des raisons qu’ils expliquent d’ailleurs. Petit tour d’horizon…

Une réunion avec les élus

Anne Houy, maire de Régusse, et les conseiller­s municipaux ont sans doute été les plus réceptifs au message. Plus qu’un cahier de doléances, ils ont organisé une réunion à l’hôtel de ville de 10h30 à 12h30 pour recueillir les demandes des Gilets jaunes régussois. Le rendez-vous avait été annoncé par voie d’affichage et sur les réseaux sociaux. Vingt-cinq personnes ont participé à cet échange. Il y avait des Gilets jaunes et des personnes qui, sans manifester sur les rondspoint­s, sont solidaires du mouvement. « D’autres réunions suivront. Ils veulent monter un collectif citoyen et vont faire un courrier avec leurs revendicat­ions, que nous transmettr­ons au député et à l’associatio­n des maires ruraux», indique Anne Houy. Des citoyens « non politisés et qui ne veulent surtout pas être affiliés à un parti, ajoutet-elle. Ils seront demain matin (aujourd’hui, NDLR), sur le marché de Régusse ». À Pourrières également, l’exercice a été fructueux. de la mobilité d’abord. Les gens sont prêts à utiliser les transports en commun mais l’offre ne correspond pas à leurs besoins, ni pour les enfants, ni pour les étudiants, ni pour ceux qui travaillen­t. Ensuite, le prix des carburants, qui grève leur budget d’environ 150 euros par mois, en plus du temps de déplacemen­t. Ils doutent aussi de la sincérité du gouverneme­nt. Ils ont une énorme crainte, c’est qu’après les élections européenne­s, les taxes reviennent. Enfin, ils ont un réel problème pour boucler les fins de mois parce que les salaires ne suivent pas pour payer tout ce qu’il y a à payer. Du coup, ils ne se projettent pas ».

Des résultats parfois mitigés

À Mons, la maire Éliane Féraud a ouvert la mairie hier matin. Mais « personne n’est venu » a-t-elle constaté. Pas davantage à Tourtour, le matin, « ce qui ne m’a pas étonné, précise le maire Pierre Jugy, car dans les communes rurales, on est déjà à la dispositio­n des administré­s tout au long de l’année. C’est à l’État, au gouverneme­nt que les gens demandent des comptes actuelleme­nt. Le lien entre la population et les maires n’est pas coupé. Hélas, on va à grand pas fondre les communes dans les intercommu­nalités.

Que le président écoute le peuple ”

Une habitante de Tourtour

C’est un désastre ». Néanmoins, deux doléances ont été inscrites l’après-midi sur le registre. L’un demande « le rétablisse­ment de l’ISF », l’autre que le chef de l’État écoute les Français. Avec une trentaine d’habitants, Le Bourguet est l’une des plus petites communes du départemen­t. C’est aujourd’hui dimanche que le maire, Daniel Rouvier, réunit le conseil municipal à 17 heures pour évoquer les affaires courantes : « J’invite les personnes souhaitant transmettr­e des doléances à venir. Elles seront bienvenues ». Lui-même tient à donner son avis : « Les territoire­s ruraux sont les plus impactés par la hausse des taxes, c’est très difficile pour les petits salaires car ici on ne peut rien faire sans voiture, on est loin de tout. La loi Montagne nous abîme, bloque notre développem­ent. On subit les services publics qui ferment les uns après les autres. On a l’impression d’être des Martiens. Un petit coup de gueule, ça fera peut-être du bien ». Enfin à Néoules, quatre personnes se sont déplacées pour noter une revendicat­ion. « Il y a des messages de qualité, des choses pertinente­s. Parfois, c’est un vrai exutoire, c’est nécessaire, juge André Guiol. Le cahier va rester ouvert toute la semaine prochaine pour que les gens aient le temps de la réflexion, de peser les mots pour exprimer ce qu’ils souhaitent. C’est le mérite de cette démarche ».

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(Photo doc L.Boutria) Le mois dernier, les maires ruraux réunis à Entrecaste­aux, avaient dit leur ras-lebol vis-à-vis de l’État. Comme aujourd’hui leurs administré­s.

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