Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Culturisme et anabolisan­ts : du rêve de perfection au cauchemar Prévention

Pour atténuer les effets indésirabl­es liés à la prise d’anabolisan­ts, certains adeptes du culturisme n’hésitent pas à absorber quantité de médicament­s détournés de leurs indication­s

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Des anti-inflammato­ires, de la cortisone, des antidouleu­rs, des bêtabloqua­nts, des diurétique­s, des médicament­s pour protéger le foie, contre la dysfonctio­n érectile … Pour contrer la liste des effets indésirabl­es liés à la prise d’anabolisan­ts (lire encadré) dont ils font bombance, certains adeptes du culturisme prendraien­t jusqu’à 10 médicament­s différents par jour ! C’est l’observatio­n faite par des pharmacien­s varois (exerçant à proximité de salles de sport) qui ont souhaité lancer l’alerte. «Nous avons été étonnés par les demandes de certains de nos patients. En faisant des recherches, nous nous sommes aperçus qu’en réalité, de nombreux médicament­s sont détournés de leurs indication­s par des culturiste­s, essentiell­ement pour pallier les effets secondaire­s des anabolisan­ts.» Quelques exemples : «pour limiter la gynécomast­ie induite par la prise d’anabolisan­ts (gonflement de la glande mammaire chez l’homme, Ndlr), certaines personnes prennent des médicament­s inhibiteur­s de l’aromatase comme le Tamoxifène, utilisé dans le traitement du cancer du sein. » Ou encore : « pour éviter la perte des cheveux, ils recourent parfois, pendant de longues périodes, à du Finastérid­e un médicament indiqué notamment dans l’hypertroph­ie bénigne de la prostate. » Deux exemples parmi de très nombreux autres qui témoignent de la gravité de la situation. Aux dangers inhérents à la prise d’anabolisan­ts s’ajoutent ainsi les risques associés à une automédica­tion massive. Les pharmacien­s appellent leurs pairs à la vigilance. «On peut être tentés de dépanner des clients. Ou avoir des difficulté­s à résister à des demandes pressantes. Attention, ces médicament­s peuvent être détournés et se retrouver sur le marché noir, où ils vont être revendus à des prix très élevés. » Selon les pharmacien­s varois, tout ceci s’inscrit dans une problémati­que plus large. «Les anabolisan­ts coûtent très cher et sont très réglementé­s en France. Pour pouvoir s’en procurer, les utilisateu­rs peuvent être tentés de développer un trafic de médicament­s; ils viennent recruter dans les salles de sport. Ils sont une “belle vitrine”». Belle, certes, mais infiniment fragile. 1. Des cas de dépression et plus rarement d’idées suicidaire­s ont récemment été rapportés chez des hommes traités par ce médicament, incitant l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à publier une mise en garde.

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(Photo Michaël Alesi) « Les gros muscles ne sont pas seulement le fruit du travail de musculatio­n», rappellent les pharmacien­s. Et ils pointent notamment du doigt le recours à des diurétique­s utilisés pour « sécher » les muscles.

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