Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Culturisme et anabolisants : du rêve de perfection au cauchemar Prévention
Pour atténuer les effets indésirables liés à la prise d’anabolisants, certains adeptes du culturisme n’hésitent pas à absorber quantité de médicaments détournés de leurs indications
Des anti-inflammatoires, de la cortisone, des antidouleurs, des bêtabloquants, des diurétiques, des médicaments pour protéger le foie, contre la dysfonction érectile … Pour contrer la liste des effets indésirables liés à la prise d’anabolisants (lire encadré) dont ils font bombance, certains adeptes du culturisme prendraient jusqu’à 10 médicaments différents par jour ! C’est l’observation faite par des pharmaciens varois (exerçant à proximité de salles de sport) qui ont souhaité lancer l’alerte. «Nous avons été étonnés par les demandes de certains de nos patients. En faisant des recherches, nous nous sommes aperçus qu’en réalité, de nombreux médicaments sont détournés de leurs indications par des culturistes, essentiellement pour pallier les effets secondaires des anabolisants.» Quelques exemples : «pour limiter la gynécomastie induite par la prise d’anabolisants (gonflement de la glande mammaire chez l’homme, Ndlr), certaines personnes prennent des médicaments inhibiteurs de l’aromatase comme le Tamoxifène, utilisé dans le traitement du cancer du sein. » Ou encore : « pour éviter la perte des cheveux, ils recourent parfois, pendant de longues périodes, à du Finastéride un médicament indiqué notamment dans l’hypertrophie bénigne de la prostate. » Deux exemples parmi de très nombreux autres qui témoignent de la gravité de la situation. Aux dangers inhérents à la prise d’anabolisants s’ajoutent ainsi les risques associés à une automédication massive. Les pharmaciens appellent leurs pairs à la vigilance. «On peut être tentés de dépanner des clients. Ou avoir des difficultés à résister à des demandes pressantes. Attention, ces médicaments peuvent être détournés et se retrouver sur le marché noir, où ils vont être revendus à des prix très élevés. » Selon les pharmaciens varois, tout ceci s’inscrit dans une problématique plus large. «Les anabolisants coûtent très cher et sont très réglementés en France. Pour pouvoir s’en procurer, les utilisateurs peuvent être tentés de développer un trafic de médicaments; ils viennent recruter dans les salles de sport. Ils sont une “belle vitrine”». Belle, certes, mais infiniment fragile. 1. Des cas de dépression et plus rarement d’idées suicidaires ont récemment été rapportés chez des hommes traités par ce médicament, incitant l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à publier une mise en garde.