Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Assises: peine réduite pour tentative de meurtre

Statuant en appel, la cour d’assises du Var a confirmé hier le verdict de tentative de meurtre à Marseille. Mais elle a diminué la peine infligée en premier ressort à Romaric Kamdem

- G. D.

Les jurés varois ont confirmé hier la décision rendue en janvier dernier par ceux des assises des Bouches-du-Rhône, en déclarant Romaric Kamdem, 22 ans, coupable d’une tentative de meurtre sur Ramdane Tounsi, le 28 avril 2015 dans les quartiers nord de Marseille. L’accusé n’a cependant pas fait le déplacemen­t pour rien, puisque sa peine a été ramenée de dix-huit à quinze ans de réclusion.

Une existence de mort vivant

À la reprise de l’audience, le médecin légiste a exposé quel était l’état de santé de Ramdane Tounsi depuis les faits. Il avait survécu au coup de couteau reçu dans le coeur. Mais l’hémorragie massive gravissime avait entraîné des lésions irréversib­les de son cerveau. À 26 ans, il est désormais tétraplégi­que, aveugle, avec un déficit permanent de 90 % et dans un état végétatif qui l’empêche d’effectuer le moindre acte quotidien de la vie courante. Il vit dans un institut spécialisé, sous assistance permanente. L’expert a par ailleurs confirmé que les plaies que portait l’accusé à la main gauche étaient compatible­s avec un geste de défense, consistant à avoir dévié la lame d’un couteau.

Intention homicide

« Je ne peux pas entendre la thèse des violences ayant entraîné une infirmité permanente, a affirmé l’avocat général Mme Annie BrunetFust­er. Tout comme Romaric Kamdem ne veut pas entendre parler du premier coup de couteau dans le coeur, parce que c’est celuilà qui signe l’intention homicide. « Et non content de donner ce coup avec violence, il en donne un deuxième, aussi violent, dans le bas du dos. En enfonçant entièremen­t la lame de 18 cm, pour aller jusqu’au bout de son idée. C’est ça aussi, l’intention homicide. » Contre le « vilain petit canard d’une famille bien intégrée », elle a requis dixhuit ans de réclusion.

Pour la défense, il y avait deux couteaux

Plaidant pour les proches de la victime, Me Linda Sennaoui avait qualifié les témoins-surprise qui disaient, pour la première fois, avoir assisté à la bagarre au couteau, de «témoins magiques ». « Ces témoins ont simplement eu honte de ne pas avoir parlé lors du premier procès, a indiqué Me Frédéric Coffano. Alors ils sont venus, pour dire que c’était une bagarre avec deux couteaux, pour rétablir la vérité, leur vérité. » Également en défense, Me Thierry Ospital n’avait pas moins de conviction que l’avocat général. « La thèse de l’accusation c’est que, pour un mauvais regard, Romaric Kamdem est allé chercher un couteau pour affronter un homme désarmé et le poignarder. Lui, il dit depuis le début qu’il s’est défendu contre un homme qui avait un couteau. » Selon lui, l’accusé ne niait pas avoir porté deux coups de couteau à la victime, dont l’un au coeur. « Il y a deux hommes armés qui se battent, et un qui réagit plus vite que l’autre. Et dans un corps à corps, c’est difficile de viser. » Son appel à l’indulgence a été en partie entendu.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Face à la mère de l’accusé, Me Linda Sennaoui et l’avocat général ont fait part de leurs conviction­s.

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