Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Pour un débat contrasté

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Autrement dit, pas question de « gonfler » les recettes en 2018 pour déporter sur 2019 un maximum de dépenses, le législateu­r a anticipé.

« Beaucoup vont pleurer »

Christine Boutin, l’associée de Valérie Ammirati qui s’occupe notamment de la gestion des salaires, admet que l’adaptation aura été simple. « L’administra­tion fiscale nous a communiqué tous les taux. Et nous avions la chance de disposer d’un logiciel évolutif où tout a été implémenté de façon automatiqu­e. Ce n’est pas le cas de tous nos confrères, certains d’entre eux ont dû investir plusieurs milliers d’euros dans un nouveau matériel. » Mme Boutin observe toutefois que le cabinet a dû prendre en charge le coût de sa propre formation. Soit environ 1 000 « Pessimiste », elle s’attend à une levée de boucliers dans les entreprise­s pour lesquelles les fiches de salaire sont éditées : « Beaucoup de salariés vont pleurer. En se disant qu’ils gagnent moins, même si ce n’est pas vrai. Intellectu­ellement, on n’a pas forcément intégré le fait qu’à la fin de chaque mois, il y aura moins sur la paie. »

« Ça payait un bifteck »

Elle craint que les clients ne l’appellent directemen­t au lieu de se tourner vers l’administra­tion fiscale. Et prédit que certains seront tentés de demander une augmentati­on, histoire de compenser ce qu’ils estimeront être un manque à gagner… Pour Michèle, employée du cabinet, ce sera une retenue d’environ 100 par mois. « Je ne vois pas du tout l’intérêt du prélèvemen­t à la source », explique cette Alsacienne qui a toujours payé ses impôts au rythme des tiers provisionn­els : « Je préférais placer l’argent plutôt que de l’avancer. Sur un trimestre, disons que ça payait un bifteck. Et quand on a un petit budget, les dépenses n’étant pas identiques tous les mois, je trouvais plus de souplesse dans cette formule qui me convenait parfaiteme­nt. » Skynet loue une partie de son espace à de jeunes coworkers. Parmi eux, Thomas, qui apprécie les lieux « pour la conviviali­té » et pour disposer d’un bureau présentabl­e. Afin d’y recevoir ses clients, des syndics de copropriét­é qui, ne réglant pas toujours dans les temps, lui procurent des rentrées d’argent assez peu régulières. « Il m’arrive de gagner 500 tel mois et 4 000 le suivant. Avec le prélèvemen­t à la source, l’impôt s’adaptera au fur et à mesure, si bien que je ne le sentirai pas trop passer. » David, son voisin de coworking, est moins convaincu. « Pour moi, ça ne sert pas à grand-chose. Le prélèvemen­t à la source est une façon d’infantilis­er les gens. » Tous deux ont créé leur propre entreprise et n’ont, pour le moment, aucun employé. Parmi les salariés dont Skynet valide les bulletins de salaire, les chiffres peuvent donner le tournis. Un serveur touchant 1 500 net se verra prélever chaque mois 60,10 Une cadre payée 3 481,82 ,mariée avec un enfant, contribuer­a à hauteur de 453,76€ .Quantàla directrice d’une agence émargeant à 6 495,02€, mariée, sans enfant à charge, elle sera ponctionné­e chaque mois de 1281,72€.

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