Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Référendum d’initiative citoyenne : quèsaco ?

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Revendicat­ion montante du mouvement des « gilets jaunes », le référendum d’initiative citoyenne (RIC) ou populaire, défendu également par plusieurs partis politiques sous des formes diverses, vise à faciliter la consultati­on du peuple, sans associer le Parlement en amont. Hier, devant l’Opéra Garnier à Paris, des représenta­nts des « gilets jaunes » ont réclamé un tel dispositif afin de « rendre au peuple son rôle souverain ». Alors que plusieurs manifestan­ts brandissai­ent des pancartes « RIC » [photo AFP], ils réitéraien­t ainsi une demande formulée, jeudi, devant la salle du jeu de Paume à Versailles, haut lieu de la Révolution de 1789. Pour les manifestan­ts de ce mouvement, d’abord axé essentiell­ement sur le pouvoir d’achat, il s’agit de «modifier la Constituti­on dans le but d’introduire le RIC dans toutes matières » ,cequi permettrai­t notamment de « donner au peuple le droit de rédiger ou d’abroger une loi sur le sujet qu’il choisit ». Voire de révoquer des élus et même le Président, alors que les « Macron, démission ! » ont encore fusé partout en France hier. Dans une liste de revendicat­ions diffusée fin novembre, des « gilets jaunes » demandaien­t qu’une propositio­n de loi obtenant 700 000 signatures – sur un site Internet sous le contrôle d’un organisme indépendan­t – entraîne un référendum national dans un délai d’un an, après un passage pour éventuel amendement à l’Assemblée nationale, le Parlement n’étant donc pas sollicité en amont.

Rendez-vous en mars

Outre les référendum­s à l’initiative de l’exécutif ou du Parlement, la réforme constituti­onnelle de 2008 sous le quinquenna­t de Nicolas Sarkozy a déjà inscrit la possibilit­é, sous de strictes conditions, de « référendum­s d’initiative partagée ». Pour organiser ces référendum­s, il faut « un cinquième des membres du Parlement, soutenus par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorale­s », soit au moins 185 députés et sénateurs et plus de 4,5 millions d’électeurs. Difficile à mettre en oeuvre, cette procédure n’a jamais été utilisée. Plusieurs candidats à la présidenti­elle, du RN à LFI, souhaitaie­nt instaurer de véritables référendum­s d’initiative populaire, comme en Suisse ou en Italie, mais pas Emmanuel Macron. L’examen du projet de révision constituti­onnelle ne reprendra pas avant mars, à la fin du grand débat local de trois mois décidé face au mouvement des Gilets jaunes. L’exécutif souhaite ainsi laisser la porte ouverte à des ajouts ou à des modificati­ons, l’un des quatre thèmes portant sur la « démocratie et citoyennet­é ». Mais il n’est pas sûr qu’il souhaite l’élargissem­ent du recours au référendum. Emmanuel Macron, « je pense que sa culture bonapartis­te ne le poussera pas à faire ça », affirmait cette semaine un député centriste.

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