Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Henry de moins en

- MATHIEU FAURE

Malaise. C’est le sentiment que les journalist­es suiveurs de l’AS Monaco ont ressenti cette semaine en sortant des deux conférence­s de presse de Thierry Henry. Deux séquences brèves, filmées en direct et, donc, sans filtre, durant lesquelles le coach de l’AS Monaco a répondu aux questions des suiveurs du club de manière sèche, sans jamais vraiment donner de réponse. Lundi, la conférence de presse qui précédait le match de Dortmund a duré 4 minutes et 45 secondes. Vendredi, celle avant Lyon s’est achevée au bout de 5 minutes 53 secondes après plusieurs échanges et/ou tournures de phrases surréalist­es. On est déjà très loin du Thierry Henry bavard du mois d’octobre. Durant toute sa carrière, l’ancien capitaine des Bleus a entretenu des rapports complexes avec la presse. L’homme a érigé en dogme des principes de vie auxquels il croit fermement, cela fait partie de son éducation et de sa manière de penser. Le respect sous toutes ses formes, le travail, la compétitio­n.

Le terrain comme juge de paix ?

Personnage singulier, difficile à appréhende­r, Henry renvoie parfois l’image de quelqu’un de suffisant voire de hautain, ce qui était déjà le cas quand il était joueur. L’ancien joueur de l’AS Monaco est surtout un compétiteu­r acharné même s’il peut, parfois, paraître arrogant. Tout ce que l’on reproche, de temps en temps par jalousie, à Kylian Mbappé autre star précoce sortie du moule monégasque. Pendant de nombreuses saisons, Thierry Henry a oeuvré avec le verbe en tant que consultant star pour Sky. Il était payé cher, extrêmemen­t cher, car ses paroles étaient sensées et souvent justes. Comme sur le pré, Henry faisait mouche avec les mots, quitte à égratigner ses anciens mentors. Joueur, il a pris des cartouches médiatique­s quand le vent tournait sans jamais perdre son sang-froid (la main contre l’Eire, Knysna, etc.). La pression médiatique, il connaît. Alors pourquoi ce revirement soudain alors qu’il y a peu, notamment avant la réception de Nice, l’ancien adjoint de la Belgique apparaissa­it loquace, exhaustif et même sympathiqu­e ? A la sortie du point-presse de Lyon, il a été conclu qu’il n’y avait aucune rancoeur ou animosité entre le coach et la presse. C’est déjà ça.

Seul au front

A chaque situation son contexte et Monaco n’échappe pas à la règle : 19e place, un point en 6 matches de C1, des blessés à ne plus savoir qu’en faire, aucune victoire à domicile. Possible qu’avec le recul, Henry s’est dit qu’il avait trop donné lors de ses premières conférence­s de presse. Le rapport avec les médias, surtout en France et plus particuliè­rement à Monaco, est relativeme­nt personnel. Chaque semaine, Henry fait face à moins d’une demi-douzaine de journalist­es, souvent les mêmes. Le but n’est pas de partager une bonne gamelle mais, au minimum, de ne pas être dans l’affronteme­nt. A quelques kilomètres de La Turbie, Patrick Vieira, lui aussi champion du monde 1998 et également auteur d’un début de mandat compliqué sur le banc du Gym, a privilégié l’échange, le partage. Sûrement qu’une fois la situation sportive de l’AS Monaco redressée, Henry retrouvera la fraîcheur de ses premiers jours. On aimerait tous parler football, simplement, avec « Titi ». Gagner à Lyon serait donc d’utilité publique. Même si le natif des Ulis a tout gagné/connu quand il était joueur, Henry découvre le métier d’entraîneur et les multiples facettes que cela comporte. L’image de l’ASM est intimement liée à celle de son entraîneur. A terme, il est donc important que Thierry Henry se sente moins seul au front, sans doute.

 ?? (Photo EPA/MAXPPP) ?? Ambiance «Je marche seul» de Jean-Jacques Goldman pour Thierry Henry.
(Photo EPA/MAXPPP) Ambiance «Je marche seul» de Jean-Jacques Goldman pour Thierry Henry.

Newspapers in French

Newspapers from France