Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La consigne fait son retour
L’association celloise Ecoscience Provence entend créer une filière locale de collecte et de lavage et des bouteilles de vin. Premier test au domaine de La Marseillaise
C’est une pratique - et un temps - que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Disparue au début des années 90, la consigne pour les bouteilles en verre est sur le point de faire son retour dans la région. C’est en tout cas le défi que s’est lancé l’association Ecoscience Provence. Partant du principe que « laver une bouteille coûte moins cher que d’en fabriquer une neuve », la structure du centre Var envisage de créer un atelier de lavage, ici en Provence.
« L’idée, résume Marie Robin, chargée de mission à l’association, est de relancer le système de consigne dans un souci environnemental, en impliquant un maximum de vignerons. Et avec tous les domaines viticoles présents sur le territoire, ajoutet-elle, le potentiel est énorme… » D’après l’association, « 40 millions de bouteilles (de vin) en verre sont produites et consommées chaque année en région Paca » . Or, une étude menée par la Région Paca et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) montre aussi que «78 % des consommateurs seraient prêts à rapporter leurs bouteilles vides vers un point de collecte », alors que 82 % des viticulteurs sondés par l’association seraient quant à eux favorables au recours des bouteilles consignées.
État d’esprit
Autrement dit, la voie est libre. « La consigne, observe Marie Robin, c’est un état d’esprit ». Et puisque «les mentalités évoluent dans ce sens », l’association est aujourd’hui persuadée qu’un atelier de lavage aurait « toute sa place » au pays du rosé. Un premier test a été effectué à La Crau avec le domaine de La Marseillaise. Son propriétaire, Pierre Sautou, est particulièrement sensible aux questions de développement durable. Blanc, rouge, rosé… Ici, le vin est biodynamique. Parce que « cette initiative a du
sens » pour lui, le vigneron n’a pas hésité une seule seconde à participer à l’aventure proposée par Ecoscience Provence. Lundi dernier, l’association est donc venue récupérer quelque 1200 bouteilles (vides) qui ont été rapportées directement au domaine par les restaurateurs et autres clients habitués. Pour les inciter à ramener ces précieuses consignes, Pierre Sautou propose une carte de fidélité, en offrant une bouteille pleine pour vingt ramenées…
Pour cette phase d’expérimentation, l’association a fait appel au « spécialiste
français du lavage » , basé à Beaune. Certes, il y a le voyage à payer. Mais l’idée est justement de voir comment l’on procède précisément en Bourgogne. «Ca fait depuis deux générations que sa famille fait ça, indique
Marie Robin. On pourra donc s’inspirer de son recul et de sa connaissance, pour lancer notre propre atelier de lavage en Provence d’ici l’année 2020».
Prêtes à l’emploi
Après deux jours de périple, les bouteilles de La Marseillaise sont revenues à bon port. Propres et à nouveau prêtes à l’emploi. Restent juste quelques détails à régler. Comme déjà, le choix de la colle pour l’étiquette. « On s’est rendu compte que certaines étaient un peu décollées,
constate Bastien Vigneron, lui aussi chargé de mission chez Ecoscience
Provence. Donc il va falloir trouver les bons réglages et voir aussi avec les vignerons, les embouteilleurs et les étiqueteurs, à partir de quel niveau de traces les bouteilles ne sont plus réutilisables. » Viendra ensuite la question du business plan et du mode de collecte des bouteilles consignées. L’association espère convaincre un maximum de vignerons de la région pour rendre son projet viable.
« Pour les financements, détaille Bastien Vigneron, ily aura la possibilité d’avoir des subventions, en regardant aussi avec les entreprises locales et les caves coopératives qui pourraient investir dans le projet. » Ecoscience Provence compte également impliquer le Syndicat intercommunal de valorisation et d’élimination des déchets Nouvelle génération (SivedNG).
Kiosques de collecte
Après, «les clients pourront ramener directement les bouteilles au domaine, comme le font les restaurateurs», éclaire Marie Robin. Quitte pourquoi pas à «créer des kiosques de collecte en grande surface», comme cela se fait chez nos amis alsaciens ou un peu plus loin, de l’autre côté du Rhin. Enfin, parce qu’il n’y a pas que le vin dans la vie, l’atelier de lavage pourrait aussi avoir « vocation à laver n’importe quelle bouteille en ver re ».
L’association brignolaise a déjà planifié le même type de test avec un brasseur varois, en début d’année prochaine.