Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Climat : « Les élus locaux doivent prendre les décisions »

- PROPOS RECUEILLIS PAR RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Le colloque national sur l’adaptation des territoire­s au changement climatique a débuté hier, sans les élus du Var et des Alpes-Maritimes. Aucun ne s’est inscrit, alors que l’invitation a largement été diffusée, selon Philippe Rossello. Il est coordinate­ur du GREC-Sud, Groupe régional d’experts sur le climat en Provence-Alpes-Côte d’Azur, organisate­ur du rendezvous. Les élus peuvent encore s’inscrire ou même arriver à l’improviste, car le colloque se poursuit jusqu’à demain à l’hôtel du Départemen­t des Bouches-duRhône, précise-t-il. Hervé Le Treut, climatolog­ue, né à Toulon, directeur de l’institut Pierre-Simon-Laplace, qui fédère en région parisienne des laboratoir­es travaillan­t sur l’évolution du climat, estime pourtant « qu’il y a urgence à passer de l’alerte à l’action. » Un nouveau rôle imposé par les COP, dont la COP 24 qui vient de se terminer en Pologne. Il s’en explique.

Quel est votre sentiment sur la COP?

Il ne faut pas jeter l’opprobre sur la COP , ni sur les précédente­s. Elles sont nécessaire­s. Elles ont apporté une masse d’idées et d’initiative­s. En même temps, les attentes des États sont fortes, mais il ne sort pas de ces COP, un langage qui permet de mettre en mouvement les sociétés. Il faut passer de l’alerte à la décision.

Pourquoi cette impuissanc­e ?

C’est difficile car le changement climatique s’exprime sur une échelle planétaire, mais avec des conséquenc­es locales. Problème qui est renforcé car un fossé se creuse de plus en plus, entre ce que les États peuvent prendre en charge – d’ailleurs, ce que les accords de Paris ont permis est déjà bien – et ce qu’il faudrait pour stabiliser le climat à une échelle qui ne serait plus dangereuse. Aujourd’hui, on est très au-delà de ce qu’il faudrait pour rester en deçà des ,° C. Supprimer tous les carburants d’ici  est techniquem­ent possible mais pas socialemen­t !

Que faire alors?

Il faut rapprocher les scientifiq­ues des territoire­s; les lieux de réflexion des lieux de décision. Dans les prochaines décennies, on va vivre les conséquenc­es de ce que l’on émet aujourd’hui. C’est la mission des territoire­s d’anticiper. Les élus locaux doivent prendre les décisions maintenant : par exemple, pour protéger les rivages de l’urbanisati­on; pour ne pas trop concentrer la population dans les villes, où il y a des risques avec les îlots de chaleur urbains. Dans les zones disséminée­s, on n’a pas été capable de mettre en place un réseau de transport en commun. Dans ce cas, les gens ne peuvent faire qu’un usage majeur de leur voiture. Les «gilets jaunes» ont été prisonnier­s de cela.

Que proposent les scientifiq­ues ?

A nous de créer des bases de données qui apportent une aide à la décision. Ce n’est ni cher, ni compliqué. Il faut le faire en ayant une vision du monde et en même temps de ce qui va se passer à une échelle régionale, territoria­le. Les choses sont différente­s entre le nord et le sud de la France. Chacun a ses spécificit­és : agricultur­e, érosion des rivages, montée de la mer, zones de montagne, zones urbaines...

Qui dit territoire­s dit élus locaux, ils sont très peu nombreux pour l’instant?

Ce colloque est destiné à donner tout leur rôle aux territoire­s et à leurs différents étages : mairies, métropoles, communauté­s d’agglomérat­ion... Départemen­ts, Régions. Le but est de discuter de la manière dont la science peut s’articuler avec ces acteurs territoria­ux et prendre en compte les spécificit­és locales. L’échelle locale est une échelle d’initiative. Il faut aller voir les élus locaux chez eux, sinon les choses peuvent rester loin de leurs préoccupat­ions. 1- 24e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changement­s climatique­s (CCNUCC)

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