Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’histoire du dépollueur… pollueur

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Le rôle des biomédias dans les stations d’épuration est essentiel. «Ce sont des fixateurs pour les bactéries utilisées pour digérer les matières organiques et accroître l’efficacité de la filtration mécanique », résume Philippe Bencivengo, auteur d’un rapport de Surfrider Foundation Europe sur le sujet. Ces bactéries ont besoin de supports stables : ce sont les biomédias. « Ils représente­nt de 30 à 70 % du volume présent dans les bassins où ils sont en mouvement libre. C’est grâce à cette mise en mouvement que le processus est efficace, mais c’est aussi de là que vient la faille », poursuit le rapporteur. Comme ils ne sont pas fixes, en cas de débordemen­t, ces biomédias censés dépolluer l’eau, peuvent finir par polluer rivières, mers et océans.

Des causes multiples de déversemen­ts accidentel­s

Comment ? « Il y a rarement une cause unique, explique Philippe Bencivengo. Leur déversemen­t dans le milieu naturel est généraleme­nt le fruit d’une succession de circonstan­ces : souvent, cela débute avec un afflux d’eau inhabituel dans la station d’épuration, après un orage par exemple. Cet afflux va provoquer des anomalies, comme des pannes de capteurs. Une des répercussi­ons, c’est une baisse de l’agitation dans les bassins. Or, quand le brassage s’arrête, les biomédias ont tendance à s’agglomérer, ce qui bouche les évacuation­s et provoque des déversemen­ts, soit dans des trop-pleins, soit directemen­t dans le milieu naturel. » C’est aussi parfois lors du lancement d’un équipement neuf, au moment des réglages, que survient ce genre de désagrémen­t catastroph­ique d’un point de vue environnem­ental. Autre point notable : les pollutions sont assez faciles à tracer. « En général, chaque station a son modèle de biomédias », note Philippe Benvciveng­o. La fondation est plusieurs fois remontée à la source des pollutions signalées. Les réactions des gestionnai­res des stations d’épuration sont diverses, « mais plusieurs d’entre eux ont ouvert leurs portes et se sont montrés à l’écoute ».

Attirer l’attention des profession­nels

Le but de Surfrider, désormais, est d’attirer l’attention des profession­nels pour leur expliquer que ces incidents ne sont pas anodins et les inciter à agir. Car les solutions existent. « On peut mettre quelques moyens en place pour prévenir ces déversemen­ts, des filets ou des grilles sur les bassins notamment. Des moyens d’alertes rapides peuvent permettre de tenter de contenir une pollution plutôt que d’attendre sa dispersion. » Toutes ces informatio­ns et préconisat­ions, Surfrider Foundation Europe les tient à dispositio­n de tous dans le rapport disponible sur son site Internet.

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(Photo A. Settimelli) Les conséquenc­es de la pollution par les biomédias sont celles de tous les plastiques.

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