Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Lycée : tous engagés contre le harcèlement scolaire
Une douzaine d’élèves a suivi une formation, ce lundi, pour devenir des ambassadeurs contre un phénomène longtemps minimisé. C’est aussi l’engagement de toute une équipe
Ils s’appellent Hadil, Cyriac, Jade, Noé, Abdulai, Lyna, Sathyne, Zak, Sarah, Noé, Clément, Maxime, Ruben et viennent de tous les horizons. Une douzaine de lycéens liée par une motivation commune : la lutte contre le harcèlement scolaire. Un combat rendu possible grâce au proviseur Patrick Morelle et à ses conseillers principaux d’éducation (CPE) Laurence Rousseau et Marie-France Hourriez, qui ont décidé de mettre en place, dans leur établissement, un dispositif d’ambassadeurs contre le harcèlement (lire ci-contre). Une première pour le lycée du Golfe contre une cause qui est l’un des chevaux de bataille de M. Morelle : « J’ai découvert avec surprise que, même au lycée, il y a trop de faits de harcèlement. Depuis la rentrée, nous avons été confrontés à plusieurs cas, dont l’un a nécessité le renvoi de trois élèves. En nommant des ambassadeurs, nous rendons le phénomène visible. Nous envoyons un signe aux victimes que cette cause nous importe ».
Des outils pour agir
Les lycéens présents ce lundi ont bénéficié d’une formation de plusieurs heures, assurée par Raki Baya, membre de l’équipe mobile académique de sécurité, émanation de l’Éducation nationale. «Il y a 700 000 élèves harcelés en France, soit une personne sur dix. La prise en compte du problème dans l’Hexagone a commencé en 2012 avec la mise en place d’une journée contre le harcèlement. Nous avons vingt ans de retard par rapport à la Norvège». Avec le terme « empathie » comme maître mot, Raki Baya a, pendant la formation et la pause déjeuner, donné les outils aux élèves pour remplir leur mission : « L’important c’est de briser la loi du silence et de connaître la bonne méthode pour y arriver ». Sur la base de vidéos et d’un questionnaire, l’animatrice a privilégié l’interaction entre les élèves. La douzaine d’adolescents présents s’est montrée très impliquée par un sujet que nombre d’entre eux connaissent bien pour en avoir été témoins, parfois victimes ou même proches de harceleurs. Tout au long de la formation, les lycéens ont souhaité débattre sur la méthode : « On ne peut pas imposer à une victime de parler. Mieux vaut tenter de l’accompagner », a souligné Abdulai. « Voilà pourquoi vous êtes là »arépondu l’intervenante en leur confiant au passage quelques phrases clés : « Je sais que tu as peur mais tu peux avoir confiance en moi. Je dois en référer à un adulte car tu es en danger ». Conscients du rôle amplificateur des réseaux sociaux, les élèves en ont souligné les effets pervers : « Ce sont des moyens très efficaces car ils augmentent la puissance de l’attaque’», a constaté Abdoulai. « C’est une façon d’atteindre la personne dans son espace privé » a déploré Sathyne.
Changer la donne
Venus suivre la formation avant tout pour pouvoir agir, beaucoup ont fait montre d’une solide réflexion : «’Il faut tenter de comprendre les motivations d’un harceleur qui est avant tout une personne qui n’a pas confiance en elle et qui trouve ainsi une forme de puissance » a soulevé Lyna. «Certains jouent les suiveurs pour éviter d’être eux-mêmes attaqués» a poursuivi Hadil. De leur côté, les CPE présentes ont apporté leur retour d’expérience : « Derrière pas mal d’élèves en difficulté, lorsque l’on creuse, on retrouve une situation de harcèlement.» À l’issue de la formation, élèves et adultes ont décidé d’une série d’actions à mettre en place, avec un objectif commun : que plus personne ne vive le harcèlement.