Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Voyageuse fresque murale
Réalisée dans les années 80, l’impressionnante oeuvre du Varois Michel Carlin a été découpée du mur de l’université de Toulon/La Garde pour être exposée désormais au Musée de la céramique
Dans sa maison-atelier de Callas, l’artiste Michel Carlin confesse une véritable obsession pour l’Iliade et Homère. Juste retour des choses, son impressionnante fresque murale en céramique vient de vivre une véritable odyssée. Extraite du hall d’entrée de l’université de Toulon/La Garde où elle reposait depuis 1981, l’oeuvre plaquée sur un mur de fins moellons, trône désormais sur le site du musée Terra Rossa signé Jean-Michel Wilmotte. Un périple jusqu’à Salernes dont les pièces du puzzle se sont parfaitement emboîtées avant d’aboutir à son exposition publique d’ici avril, parée de ses plus beaux atours.
L’échappée belle
« Voici deux ans, j’ai été sollicité par l’université. Elle allait lancer des travaux de rénovation et ne savait plus trop quoi faire de mon oeuvre... J’ai un peu oublié tout cela et puis voilà qu’à l’occasion d’une rétrospective que m’a consacrée l’été dernier la Maison de la Céramique Architecturale, j’en ai parlé aux responsables du musée et à Mme la maire qui ont immédiatement été séduits », raconte Michel qui redécouvre, « très ému », son oeuvre, trente-huit ans après son ins- tallation en milieu étudiant ! Elle se nomme L’Infini à remplir et affiche les belles mensurations de 5,20 x 2,80 mètres. « Cette fresque appartient tou- jours à l’université qui a financé le découpage du mur porteur qu’elle décorait, son acheminement et nous la laisse en dépôt. Cet hiver nous allons la protéger du gel, assurer sa stabilité en l’arrimant au sol et soigner l’écrin de verdure qui l’entoure », précise Mme la maire, Nicole Fanelli, pour qui « c’est une évidence » d’ac- cueillir ce monument de céramique dans la foulée de la rétrospective estivale.
Proche délivrance
S’il se consacre aujourd’hui exclusivement à la peinture, Michel Carlin qui depuis les années 70 a déjà vécu plusieurs vies varoises entre Flayosc, Lorgues, Draguignan, avant de s’ancrer à Callas en 2001, est soudain très tenté de remettre la main à la pâte... d’argile. « Un coin de la fresque était encastrée dans une poutre, il y a donc un décrochage à combler. Pour cela je ne dois refaire qu’un carreau, mais comme tout le matériel est sur place je vais en profiter ! », sourit-il avant de retourner à ses pinceaux. « À plus de 80 ans, je suis un éternel insatisfait. J’ai encore une oeuvre à accomplir. Alors je peins comme jamais ! », conclut Michel tout en observant en détail les moindres interstices de sa fresque, pour l’heure encore sanglée et prisonnière d’une gangue de fer qui la maintient en sécurité en attendant sa proche délivrance.