Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Harcèlement : une pédiatre tape du poing sur la table Ste- Maxime
Lasse de recevoir des enfants marqués par des faits d’agression, le Docteur Boutiti vient de saisir un avocat afin que des réponses adéquates soient apportées à ces problèmes
J’ai longtemps hésité à parler mais j’ai signé le serment d’Hippocrate et
pas d’hypocrite ». Pédiatre depuis quinze ans à Sainte-Maxime, le Dr Hassina Boutiti a décidé d’être la porte-parole des adolescents qu’elle reçoit, victimes de harcèlement ou d’agression, notamment au collège Berty-Albrecht : « Je n’ai qu’un seul but : ne plus voir des enfants souffrir. Que les adolescents se sentent en sécurité dans l’enceinte de leur établissement ».
« J’ai vu des enfants s’éteindre »
Hassina Boutiti a décidé de taper du poing sur la table lorsqu’une jeune élève de 6e est arrivée avec une blessure importante à l’oeil, bousculée violemment contre le mur par une plus grande : « Ce cas est survenu une semaine après l’agression de Lydya, élève en classe de 5e qui a reçu de nombreux coups par une fille de 3e (lire ci-dessous). Là, j’ai dit, ça suffit ». Depuis, la pédiatre a décidé de saisir un avocat et de rédiger une lettre qui sera transmise à la principale du collège maximois, avec copie au directeur des services départementaux de l’éducation nationale, au maire de Sainte-Maxime et au Procureur. Sur ce courrier, l’avocate cite notamment : « Des élèves qui ont consulté ma cliente afin de trouver un réconfort et une oreille attentive suite aux faits dont ils ont été victimes. Faits parfaitement inacceptables et qui ne sauraient perdurer ». Ce que le médecin reproche à l’établissement, dans lequel sa fille est elle-même scolarisée, est une réponse jugée « faible » face à des épisodes qui peuvent avoir des conséquences importantes pour les victimes : « Au fil de mes années de pratique, à la suite de certains faits, j’ai vu des enfants s’éteindre. Il y a quelque chose à régler, que ce soit au niveau de la surveillance ou de la prise en main des problèmes ». Hassina Boutiti temporise : « Bien sûr, tous les établissements sont confrontés à de telles situations mais les choses doivent changer ».
« Notre porte est toujours ouverte »
Remplaçante depuis la mi- janvier de la principale du collège Berty-Albrecht actuellement en maladie, Mme Marin répond à cette mise en cause : « À chaque agression, les enfants sont convoqués et les problèmes traités. Nous jouons souvent un rôle de médiateur entre les deux parties, avec les enfants et leur famille. Le Ministère de l’éducation a fait du harcèlement une cause nationale et nous traitons le problème depuis plusieurs années avec de nom- breuses actions de prévention. Enfin, les parents et les enfants doivent savoir que notre porte est toujours ouverte. ». Eric Colin, le conseiller principal d’éducation poursuit : « Les adolescents ne doivent pas hésiter à nous informer de problèmes dès qu’ils surgissent et ne pas attendre que la situation se dégrade ». Pour Mme Marin, « Il faut tenter de casser certaines habitudes, car n’y a pas de
solution miracle ». Mais comment désamorcer des situations bien installées ? C’est ce que tentent de faire les deux associations de parents d’élèves Ensemble pour les élèves du collège et l’Union Indépendante des Parents. Les deux représentantes des parents d’élèves ont rencontré ce mercredi la principale, afin d’évoquer justement les problèmes d’agression.
Des rencontres de réflexion
Une mise au point qui s’est avérée positive, comme le souligne la présidente de l’UIP, Françoise Mola : « J’ai beaucoup d’espoir après cette réunion. Le problème provenait peut-être de dissensions entre les services. Aujourd’hui, nous sentons une réelle volonté de remettre les choses à plat, de coordonner les services et de favoriser la communication. Nous sommes convaincus que le cadre doit être clair pour que les choses s’apaisent ». Une autre réunion est envisagée après les prochaines vacances scolaires, afin de faire le point, puis programmer des rencontres de réflexion avec les principaux acteurs du collège.