Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

En appel : règlement de comptes à Digne-les-Bains

Pour une raison qui demeure incertaine, Jean-Louis Apollo avait tiré une balle dans le ventre de Julien Pelestor au comptoir d’un bar. Il a fait appel d’une condamnati­on à 22 ans de prison

- G. D.

On ne saura rien du contentieu­x réel qui pouvait bien opposer Jean-Louis Apollo, 47 ans, à Julien Pelestor, 29 ans, le soir du 3 juin 2016 dans un bar de Digne-les-Bains. Le premier dit avoir tiré un coup de pistolet sur le second, pour une question de butin d’un cambriolag­e, qu’ils auraient commis ensemble un mois et demi plus tôt. Il évoque une arme à feu napoléonie­nne, d’une valeur de 50 000 à 70 000 euros. La victime affirme n’être en rien impliquée dans un cambriolag­e. Pour Julien Pelestor, ce tir, qui a bien failli lui coûter la vie, serait lié à « une dette de 40 euros de shit qui s’est envenimée » .

Intention homicide contestée

Cette affaire est soumise à la cour d’assises du Var, parce que JeanLouis Apollo a fait appel de sa condamnati­on en premier res- sort à vingt-deux ans de réclusion criminelle pour tentative d’assassinat, en juin dernier devant les assises des Alpes- deHaute-Provence. « Je sais que ce que j’ai fait est grave, a-t-il indiqué. J’ai fait appel parce que j’ai pris une lourde peine. Mais je n’ai jamais eu l’intention de le tuer. » Il n’a jamais nié avoir tiré sur le jeune homme. Comment l’auraitil pu puisque la scène, qui s’était déroulée vers 20 h 30 au comptoir d’un bar du centre-ville, avait eu plusieurs témoins, dont certains l’avaient reconnu. « Il a crié “fils de pute, je vais te tuer”, a rapporté l’un d’eux. Il a visé Julien et a tiré un seul coup, qui n’a pas fait trop de bruit. Et Julien est tombé. »

Un mois d’hôpital

Il est apparu pendant l’enquête que Jean-Louis Apollo avait recherché Julien Pelestor pendant une heure et demie dans les rues Digne, après qu’une première altercatio­n ait éclaté dans une supérette du centre. Quand il l’avait localisé, il était retourné à sa voiture pour prendre un pistolet 22 LR, l’avait équipé d’un silencieux, avait mis une seule balle dans le chargeur et avait tiré à moins de 3 mètres, depuis le pas de la porte. Atteint au flanc gauche, Julien Pelestor avait subi l’ablation d’urgence du rein gauche à Digne, avant d’être transporté dans le coma à l’hôpital Nord de Marseille, où il est resté près d’un mois. Les séquelles qu’il a conservées lui interdisen­t de poursuivre son métier de coffreurba­ncheur. « Il est venu carrément pour me tuer » , a répété la victime. « Je ne voulais pas le tuer, juste le blesser, a objecté Jean- Louis Apollo. C’est pour ça que je n’ai mis qu’une seule balle dans l’arme. Et si j’avais voulu le tuer, j’aurais tiré ailleurs. »

Casier à tiroirs

Cette arme n’a jamais été retrouvée. L’accusé a dit l’avoir achetée plusieurs années auparavant sur un marché aux puces à Marseille. Après les faits, il s’était caché pendant douze jours. Selon lui, il avait démantibul­é le pistolet avec une disqueuse, et en avait éparpillé les débris dans la nature. Parmi les pires ennemis de JeanLouis Apollo dans cette affaire, il y a son casier judiciaire, entaché de douze condamnati­ons depuis sa majorité. Deux d’entre-elles, dont une aux assises des Bouches-du-Rhône, l’ont conduit en prison pour un total de treize ans de prison, pour des braquages. Il sera de nouveau entendu ce matin sur les faits, avant que la parole ne soit donnée aux avocats et à l’avocat général.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) En appel devant les assises du Var, Me Vincent Penard (barreau d’Aix) défend Jean-Louis Apollo.

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