Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’époque des délires artistiques et de «Picasso le fada»
Michel Carlin revient sur la genèse de sa fresque et ses amitiés célèbres… « À l’origine c’est un grand artiste aujourd’hui disparu (il ne veut pas dire le nom, Ndlr) qui devait signer cette fresque destinée à l’université de Toulon. Mais comme il trouvait la rémunération insuffisante, il s’en est détourné. Un concours d’État a donc été lancé. Je suis tombé dessus au début des années 80 et cela m’a intéressé. Je n’avais jamais réalisé de fresque en terre et je venais tout juste de m’installer à Draguignan dans une maison avec un four en céramique. Il n’y a pas de hasard ! J’ai finalement été sélectionné. Lorsque j’ai vu les plans du bâtiment cela m’a inspiré, et je suis parti dans mes délires en écoutant Love Cry d’Albert Ayler (saxophoniste américain disparu en 1970, Ndlr) à fond ! (rire). J’ai commencé à modeler en pensant à la Terre d’avant la naissance de l’homme. Ses mutations, l’érosion, le côté volcanique, le plissement des roches de Provence, la fossilisation, etc. Il y en avait partout dans la maison, façon puzzle, plaqué sur des draps à même le sol. On faisait du camping avec ma femme Dominique qui venait tout juste d’accoucher de nos . jumeaux (rire) »
Perte de simplicité… L’artiste né en 1935, « par hasard » à Chambéry, a longtemps résidé à Vallauris où était basée sa famille. Ses « années de misère » dit-il, mais qui lui ont aussi permis de collectionner de riches rencontres comme Fernand Léger, Prévert, Picasso… « Prenez Picasso, il était un grand artiste mais lorsqu’il voyait de jeunes peintres, il vous mettait à l’aise, témoignait de l’intérêt… A Vallauris il vivait parmi les potiers. Les gens l’appelaient le fada ! (rire) Le célèbre photographe André Villers était aussi mon grand copain. De 1954 à sa disparition au Luc en 2016… Aujourd’hui allez rencontrer un Buren et vous verrez ! J’en ai fait l’expérience. Il faut passer par mille intermédiaires avant de l’approcher ! Cette perte de simplicité est regrettable »