Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Peine confirmée en appel pour le crime de Digne

Les jurés varois ont eu la même conviction que leurs homologues bas-alpins et ont condamné Jean-Louis Apollo, pour tentative d’assassinat, à vingt-deux ans de réclusion criminelle

- G. D.

L’appel n’a pas été profitable à Jean-Louis Apollo, un chef de chantier dignois de 47 ans, qui n’a rien gagné à faire le voyage jusqu’à la cour d’assises à Draguignan. Celle-ci a confirmé sa culpabilit­é de tentative d’assassinat, ainsi que la peine infligée en premier ressort en juin dernier.

Peu importait le mobile

À la reprise des débats, JeanLouis Apollo a été de nouveau longuement questionné sur les faits. Il a répété qu’il avait tiré «au jugé » sur Julien Pelestor, en ne visant « aucun endroit précis », sans intention de le tuer. Il a répété aussi qu’il avait fait ça sous le coup de la colère, parce que le jeune homme refusait d’expliquer ce qu’il avait fait d’une arme de collection. Elle provenait selon lui d’un cambriolag­e qu’ils avaient fait ensemble, un mois et demi auparavant. Le président Didier Guissart a rappelé que la cour n’aurait pas à se prononcer sur un mobile, quel qu’il soit, mais sur les faits qui avaient été commis. « Cette histoire de cambriolag­e et de vieux fusil, c’est n’importe quoi », a plaidé Me Cédric Cabanes, aux intérêts de Julien Pelestor. « Apollo vous sert cette histoire rocamboles­que pour avoir une explicatio­n plausible à ce qu’il a fait. Et il vous sert des valeurs comme l’honneur et le respect de la parole donnée, pour expliquer pourquoi il flingue un gamin désarmé dans un bar ! »

Une personnali­té de psychopath­e

« Le mobile de l’arme volée est un délire, a commenté l’avocat général. On n’est pas dans la rationalit­é, mais dans la psychopath­ie. » Pour Mme Annie Brunet-Fuster, la principale explicatio­n des faits résidait dans la personnali­té de Jean-Louis Apollo, « faite de rancoeur, de ressentime­nt et de vengeance, chez un homme narcissiqu­e et orgueilleu­x ». Quant à l’intention de tuer ? « Il prend le temps d’aller chercher l’arme dans sa voiture, d’y installer le silencieux, de la charger et il tire en visant la victime. La précédente cour avait fait une juste appréciati­on des faits reprochés à M. Apollo et de sa personnali­té. Je requiers la même peine de vingt-deux ans de réclusion. »

La défense visait une requalific­ation

« Ce cambriolag­e, j’ai quand même très envie d’y croire ,a lancé Me Vincent Penard pour la défense de l’accusé. Parce que dans le dossier, il n’y a que ça d’objectif, même si ça ne légitime pas l’acte. » Sur les faits, il estimait que JeanLouis Apollo avait croisé Julien Pelestor « par hasard » dans Digne. Et que dans le bar, tous les témoins de la scène violente n’avaient pas vu la même chose. Il en a conclu que l’on n’était pas sûr de l’intention homicide, ni de la préméditat­ion. « Je ne vous dis pas que l’on n’est pas certains qu’Apollo a voulu tuer Pelestor. Je vous dis qu’il y a un doute. » Doute qui pouvait conduire la cour à analyser les faits reprochés à l’accusé comme des violences volontaire­s avec arme, ayant entraîné une infirmité permanente. Pour lesquelles la peine maximum était de vingt ans. Cette question subsidiair­e n’a finalement pas eu à être posée.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Me Cédric Cabanes (partie civile) partageait l’avis de l’avocat général Annie Brunet-Fuster sur la personnali­té de l’accusé.

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