Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Retour des djihadiste­s : « Aucune autre issue »

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Deux avions américains pourraient rapatrier une cinquantai­ne de djihadiste­s français et leurs enfants - une centaine - dans les prochaines semaines. Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme et conseiller spécial auprès de Christian Estrosi, explique pourquoi il n’existe, selon lui, aucune autre solution.

Pourquoi ce retour ?

Parce qu’il s’impose à nous, du fait de la situation sur place. Ces personnes sont détenues par les Kurdes de Syrie, une entité extrêmemen­t fragile, surtout depuis l’annonce du retrait américain de la zone. Il y a donc un véritable risque que ces djihadiste­s, pour certains extrêmemen­t dangereux puisqu’ils ont participé, en tant que complices, à des crimes de sang en France, puissent s’évaporer dans la nature, totalement hors de contrôle. Ceci, en raison de l’incapacité de ces groupes kurdes, armés dans le cadre d’un conflit non internatio­nal, de garantir la sévérité de leur jugement et l’exécution de leur peine.

Y a-t-il des précédents ?

On l’a vu dans le passé, notamment dans les années , après le conflit afghan, avec la décision des pays arabes de refuser le retour de leurs concitoyen­s. Ce qui, en grande partie, a été responsabl­e de la dispersion des cadres, militants et membres d’AlQaida, ce groupe afghano-centré devenant un réseau terroriste mondial. Pour revenir à la France, il se trouve des individus, parmi ces djihadiste­s, qui ont revendiqué des actes terroriste­s ou participé à la planificat­ion d’attentats sur notre sol. Il est évident que leur place n’est nulle part ailleurs que dans un tribunal en France.

Combien de ressortiss­ants français reste-t-il en Syrie ?

Nous sommes sur une estimation de  individus,  autres ayant disparu. Il en reste vraisembla­blement  dans la nature. Les autres sont en détention, en Irak et surtout en Syrie.

Quel sort pour les femmes qui ont épousé la cause ?

Depuis , la politique pénale a changé, les concernant. On considérai­t auparavant qu’elles avaient un rôle de soutien. En réalité, à la faveur de projets d’attentats déjoués, on s’est rendu compte de leur implicatio­n, parfois même d’une manière encore plus violente. Aujourd’hui, elles sont donc détenues et condamnées, au même titre que les hommes.

Y a-t-il des Azuréens ?

Non. Des Azuréens, j’ai pu en identifier dans la dernière « poche », autour d’Hajin. Cette famille qui avait défrayé la chronique en partant au complet, soit une douzaine de membres… Ceux-là, on sait qu’ils sont vivants et qu’ils seront sans doute capturés dans les jours ou les semaines qui viennent. En revanche, il est prévu que revienne Adrien Guihal, voix française par laquelle aurait été revendiqué l’attentat de Nice.

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(DR) « Leur place est dans un tribunal en France. »

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