Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’ÉDITO Hymnes à la tolérance

- de THIERRY PRUDHON Reporter edito@nicematin.fr

Vacances ! Grand Débat ou pas, parlons donc un peu d’autre chose que de politique, si vous le voulez bien… Du moins, parlons de politique autrement, en chanson et au cinéma. Gérard Lenorman fête ce samedi son e anniversai­re. Il est venu au monde le  février , d’une mère normande et d’un père violoniste qu’il n’a jamais connu. Et pour cause : il s’agissait d’un soldat allemand reparti illico dans son pays à la Libération. L’artiste a évoqué ce tsunami affectif dans Warum mein Vater (Pourquoi mon père) en . Le temps a depuis pansé les plaies. Malgré ses fêlures, Lenorman a construit sa vie. La France et l’Allemagne ont appris à se parler et, sinon à s’adorer, à conjuguer leurs talents. C’est l’une des vertus de l’Europe d’avoir rapproché les peuples, jusqu’aux plus irréconcil­iables. Ce n’est pas rien. Cette dimension pacifique, émotionnel­le, un peu cucul peut-être – et alors ? –, ne sera pas à occulter le  mai. Elargisson­s maintenant le spectre. Pour évoquer Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Le formidable succès populaire de ce film, dont la qualité première est d’être drôle, ne l’a pas préservé des critiques. Certains l’ont éreinté en se pinçant le nez : grossier, sans finesse, rance. A mots à peine voilés, l’accusation d’apologie du racisme ordinaire a fusé. Je n’ai jamais compris pourquoi. Comme Chantal Lauby et ses complices, j’ai surtout vu un film sur la bienveilla­nce. J’en suis d’autant plus convaincu depuis que j’ai appris que le scénario s’est très largement nourri des amours métissées du réalisateu­r Philippe de Chauveron et de son frère. Ce film, porté par une légèreté salvatrice, a le mérite de chatouille­r nos raideurs pour mieux les tordre. La tolérance, l’acceptatio­n des différence­s, ne sont pas forcément des pentes naturelles chez la plupart d’entre nous. Pourquoi le nier ? Mais elles ne deviennent que plus consistant­es une fois mûries et réfléchies. Sans doute le film a-t-il d’ailleurs fait davantage pour l’ouverture d’esprit que quantité d’ayatollahs de la bien-pensance millimétré­e et pontifiant­e. La tolérance est souvent un combat contre soi. L’âme se fortifie en le gagnant. J’irai voir Qu’est-ce qu’on a [encore] fait au Bon Dieu ? durant ces vacances scolaires. En espérant, de nouveau, rire de bon coeur. Sans crainte de passer pour un beauf. Encore moins de virer raciste.

« L’acceptatio­n des différence­s n’est pas une pente naturelle. »

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