Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le personnel pénitentiaire a bloqué la maison d’arrêt
Suite à un mouvement social, la prison de Draguignan était inaccessible hier matin. Les agents réclament une revalorisation de leur statut afin qu’il prenne en compte leurs nouvelles missions
Àl’appel de l’intersyndicale réunissant le SNP-FO personnels de surveillance, la CGT pénitentiaire, la CFDT-Interco justice, le SNEPAP-FSU, la CFTC-syndicat libre justice et Horizon justice, les agents pénitentiaires ont bloqué ce mardi vers 6 h 30 l’accès à la maison d’arrêt de Draguignan. Une soixantaine de personnels venus du Var, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, ont empêché la prise de service du matin et l’accès au parking des visiteurs. Leurs principales revendications d’ordre national portent sur la reconnaissance de leurs nouvelles missions d’extraction judiciaire jusqu’à présent dévolues à la police mais qu’ils exercent avec moins de moyens.
Rendre le métier plus attractif
« Nous demandons l’accession à la catégorie B, puisque nous avons récupéré des missions effectuées par la police, notamment les extractions judiciaires, explique Philippe Abime, secrétaire inter-régional FO personnels de surveillance. Nous faisons aussi les renseignements pénitentiaires, la gestion des détenus radicalisés. Nous sommes en catégorie C mais notre profession devient plus technique. Dès qu’on va sortir d’un établissement, on sera armé. Pour faire cela, la police nationale avait 2 500 équivalents temps plein en France. Nous, on en a 1 600. On est moins nombreux et avec moins de moyens. » Outre la reconnaissance de leur travail et la revalorisation salariale qui l’accompagne, cette mesure rendrait le métier plus attractif, selon eux. « Au dernier concours, seulement 200 candidats se sont présentés aux épreuves écrites pour 800 places ouvertes sur la région » précise-t-il.
Gestion des radicalisés
Certains expriment d’autres inquiétudes relatives à la sécurité. La colère monte dans les prisons « suite à des agressions de plus en plus violentes et de moins en moins sanctionnées. La gestion des radicalisés n’est pas simple », témoigne un agent pénitentiaire. « Nous sommes très inquiets du retour des djihadistes dans les établissements, ajoute Didier Di Giovanni secrétaire régional adjoint de la CFDT-Interco justice. On en a déjà et on a des agressions. L’an dernier, il y a eu des tentatives d’assassinat de surveillants au nom de l’islam. Pour nous ce sont des attentats. Entre les malades mentaux et les djihadistes, on court des risques. » « On a perdu l’autorité, on fait beaucoup de social. Un détenu revient à 36 000 euros par an à l’Etat, et l’Etat chipote lorsqu’on demande la reconnaissance de nos missions à parité avec la police », renchérit un participant. « On est des sous-fifres », accuse une surveillante du syndicat Horizon justice. Les manifestants qui bloquaient l’accès à la maison d’arrêt, en contrebas du giratoire, ont été délogés vers 9 h 30 par les forces de l’ordre.