Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Risque incendie : tout un quartier hors norme
À St-Jean-de-Cannes, le torchon brûle entre un riverain et la mairie. Les normes incendies ayant changé, il ne peut plus terminer une construction. « Toute la résidence est concernée », alerte-t-il
C’est un paisible quartier, en lisière de forêt, dans un petit paradis vert et calme... Saint-Jean-de-Cannes, qui comme son nom ne l’indique pas, se situe sur la commune de Fréjus, à la limite des Alpes-Maritimes. Et parce qu’il « siège » dans une grande zone boisée, le risque incendie, par le biais du PPRIF (1), est une donnée à prendre en compte... D’où la mésaventure qui arrive à Jacky Drouard, dont la propriété se niche au sein de la résidence de Saint-Jean-de-Cannes. « Je réalisais une extension de ma propriété, une construction en salle de jeux, et, pour cela, j’avais reçu en 2017 un accord de travaux de la part de la mairie de Fréjus. Mais il y a un an, suite à l’effondrement d’un mur lors de travaux, la mairie refuse une régularisation et fait arrêter mes travaux, sous prétexte que les poteaux d’incendie de la résidence n’étaient plus conformes au PPRIF, alors qu’ils l’étaient un an auparavant », explique ce chef d’entreprise. Car il faut savoir que la réglementation concernant la conformité des points incendie a changé l’an dernier, ne permettant plus à la mairie d’accepter une construction qui ne répond plus aux nouvelles normes (lire ci-dessous).
« Dévalorisation des habitations »
« La distance de deux poteaux incendie par rapport à une construction passe de 200 mètres à 150 mètres pour le point le plus éloigné, et leur débit doit être de 60 m³ minimum », déplore-t-il. Et cette “petite” différence fait tout : elle pousse, de fait, la construction de Jacky Drouard en dehors des clous... Mais, selon lui, il n’est pas le seul concerné. « Ce problème que je rencontre me paraît important pour tous les propriétaires qui se trouvent dans la résidence. Aucun d’entre eux ne peut donc recevoir d’autorisation de travaux délivré par la mairie. Lors d’une réunion publique en novembre dernier, le maire avait confirmé que si une propriété venait à être détruite par un incendie ou autre, aucun permis de construire à l’identique ne serait délivré. Le maire s’était montré hautain, se bornant à répondre que ce serait très long, sans pour autant proposer de solution à ce problème. »Pis, « dans le cas d’une vente d’une propriété, le futur acheteur peut refuser cet achat car celui-ci a l’obligation de prévenir son assurance incendie de la non-conformité des poteaux incendie, et donc ce dernier peut refuser d’assurer le bien contre l’incendie. » Il en découle donc, selon lui, une « dévalorisation des habitations », et peut même engendrer « une non-déclaration d’augmentation demètres carrés habitables de peur de recevoir un refus des services de l’urbanisme pour nonconformité des points incendie ». Jacky Drouard a écrit une lettre aux autres propriétaires, et a sollicité l’Aful (2) et l’agence syndic de la résidence qui, selon lui, « ne font que botter en touche. Le président de la copropriété ne semble pas très concerné. »(3). Quant à la mairie de Fréjus, Jacky Drouard a pris, il y a quelques mois, un avocat « pour contester le refus de la mairie de Fréjus devant le tribunal administratif ». La partie va se jouer, désormais, sur le terrain judiciaire... 1. Plan de prévention des risques d’incendies de forêt. 2. Association foncière urbaine libre. 3. Nous avons tenté de les joindre, sans obtenir de réponse.