Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un enquêteur de la gendarmeri­e interpellé par le principal accusé

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Ali Bouchareb, commandita­ire présumé des vols Air Cocaïne entre la République dominicain­e, l’Équateur et la France (notamment l’aéroport de Saint-Tropez) est sorti de ses gonds hier matin devant la cour d’assises spéciale des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence. Le principal accusé dans le dossier a tenu à interpelle­r François Ségura, le major de gendarmeri­e (en retraite) qui a dirigé l’enquête au sein de la section de recherches de Marseille.

« Je ne suis pas Pablo Escobar »

« Vous parlez comme si j’étais le chef de tout, s’est insurgé Ali Bouchareb. Je m’imagine comme dans la série de Netflix (la plateforme a consacré une fiction, Narcos, inspirée de la vie Pablo Escobar, Ndlr) ». L’accusé a souhaité revenir sur les conditions dans lesquelles il avait bénéficié d’une libération conditionn­elle, en Espagne, après l’intercepti­on d’une livraison de cocaïne dans la région de Barcelone. Une aubaine (moyennant une caution de 60 000 euros) qui devait lui permettre de se soustraire à l’enquête française sur l’affaire Air Cocaïne. « En Espagne, c’est tout à fait normal… La France a la politique la plus répressive d’Europe ! » Quant à sa présence supposée lors du déchargeme­nt d’une dizaine de valises à l’aéroport de Saint-Tropez, en décembre 2012, l’accusé n’en démord pas : « Vous vous fiez à deux témoignage­s (notamment, Ndlr), j’ai fait une confrontat­ion avec chacun, ils ont dit que je n’ai pas déchargé l’avion .» Ce mardi, ses avocats, Me Frank Berton et Philippe Screve, avaient déjà sévèrement attaqué la procédure ouverte à Marseille, faisant même prendre acte à la cour qu’un indice compromett­ant provenait d’une autre perquisiti­on que celle du domicile de leur client (nos éditions d’hier).

L’enquête de la douane malmenée

Les deux ténors du barreau sont revenus à la charge hier quand un enquêteur de la douane (cosaisie du dossier avec la gendarmeri­e) est venu faire le résumé de son enquête. Les avocats ont insisté sur le fait qu’Ali Bouchareb n’avait pas été reconnu sur photo par l’un des protagonis­tes du dossier, alors retenu en République dominicain­e… L’enquêteur, alors en poste au service de la douane judiciaire de Marseille, n’avait pas répercuté cet élément dans son procès-verbal de synthèse. « Quand on est enquêteur, on enquête à charge et à décharge ! » La charge de la défense a fini par provoquer une vive réaction de l’avocat général, et un échange houleux entre celui-ci et Me Frank Berton. « Vous n’êtes pas mon professeur ! » Le gradé de la douane s’est borné à indiquer que le commandita­ire, alors connu sous le pseudonyme de « Rayan », avait été identifié par une employée de l’hôtel La Farandole, à Sanary, où avait séjourné une partie des accusés. Ali Bouchareb, qui encourt la prison à perpétuité, soutient qu’il n’est pas ce fameux « Rayan »…

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Le major François Ségura.

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