Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Macron au Crif : l’antisémitisme comprendra aussi l’antisionisme
Hier soir, le chef de l’Etat a déploré une situation « sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale ». Une loi pour lutter contre la haine sur Internet sera déposée « dès le mois de mai »
Au lendemain des rassemblements à l’appel d’une vingtaine de partis politiques contre l’antisémitisme à travers toute la France, Emmanuel Macron a participé, hier soir à Paris, au traditionnel dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). « Depuis plusieurs années, et la situation s’est encore aggravée ces dernières semaines, notre pays – comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe et la quasi-totalité des démocraties occidentales – est confronté à une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale», a déclaré le chef de l’État devant les représentants de la communauté juive. « Le combat européen va se poursuivre, mais il est trop lent. On ne peut plus attendre », a-t-il déploré .«À nouveau, depuis plusieurs années, l’antisémitisme tue en France. L’antisémitisme, c’est la question de la République et de la France », a lancé le chef de l’Etat, précisant que « deux Français sur cinq sur les réseaux sociaux croient à un complot sioniste mondial ». Emmanuel Macron a annoncé la dissolution prochaine d’ « associations ou groupements » racistes ou antisémites, à commencer par les organisations d’extrême droite Bastion social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18. « Parce que la période met en cause ce que nous sommes, la France doit tracer de nouvelles lignes rouges [...]. J’ai demandé au ministre de l’Intérieur d’engager des procédures visant à dissoudre des associations ou groupements qui par leur comportement nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l’action violente », a déclaré le chef de l’Etat.
« L’anonymat, le masque des lâches »
Il a également annoncé une proposition de loi pour lutter contre la haine sur Internet, qui sera déposée « dès le mois de mai ». Le texte de loi imposera le retrait dans les meilleurs délais des contenus appelant à la haine et imposant des responsabilités juridiques. Selon lui, « l’anonymat est le masque des lâches » mais avant de le supprimer « il faudra y réfléchir à deux fois ». Alors que, mardi, il affirmait que « pénaliser l’antisionisme [n’était pas] une solution », hier soir, ses propos étaient plus nuancés : « L’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme. C’est pourquoi je confirme que la France [...] mettra en oeuvre la définition de l’Alliance internationale de la mémoire de la Shoah » (IHRA). Selon l’association, l’antisémitisme intègre l’antisionisme, notamment la critique systématique à l’égard de l’Etat d’Israël. P.-R. D.