Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Dupont-Ntamack, sans demi-mesure
Tuchel n’avait pas envie de mettre ses cadres au repos contre Montpellier, le large succès - lui a donné raison hier. Après l’ouverture du score de Kurzawa pour sa première titularisation en L de la saison (’), Florent Mollet avait égalisé sur coup franc (’). Di Maria lui a répondu sur une sublime lucarne trouvée dans le même exercice, mais de plus loin, juste avant la mi-temps (’+). Le PSG a déroulé après la pause pour ternir le bilan de l’ex-deuxième meilleure défense du championnat, Kylian Mbappé s’offrant le clou du spectacle (’) après deux csc héraultais signés Skuletic (’) et Hilton (’).
LIGUE
Le futur se conjugue au présent: Antoine Dupont et Romain Ntamack, ans en cumulé, deux enfants de la balle et deux des plus grands espoirs du rugby français, seront associés pour la fois à la charnière du XV de France, samedi contre l’Ecosse (h). Cette paire de demis était plutôt censée représenter l’avenir, programmée pour guider les Bleus de l’après Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre) à l’édition 2023, en France. Mais ça, c’était avant la déroute en Angleterre (44-8) il y a dix jours lors de la 2e journée du Tournoi des six nations, où la paire clermontoise formée de Morgan Parra et Camille Lopez a sombré et a été remplacée en seconde période, justement, par les deux Toulousains. Deux «surdoués», selon leur coéquipier chez les Rouge et Noir Cyril Baille, identifiés comme deux pépites d’un rugby hexagonal à la recherche de talents. Depuis plusieurs années pour Dupont (22 ans, 11 sél.), qui a fait ses débuts internationaux en mars 2017 peu après avoir soufflé ses vingt bougies. Un talent que le sélectionneur Jacques Brunel a souhaité retenir en novembre dernier alors qu’il n’avait que trois matches dans les jambes après sa grave blessure à un genou en ouverture du Tournoi-2018. Ntamack, dans les radars du XV de France depuis près de deux ans - il figurait dans la «Liste Elite» de Guy Novès en juin 2017 - a lui éclos lors du Championnat du monde des 20 ans remporté par les Bleuets en juin 2018, alors qu’il était surclassé. La progression du fils de l’ancien international Emile l’a mené à faire ses débuts internationaux en ouverture du Tournoi il y a moins de trois semaines face au pays de Galles (défaite 24-19). Outre leur jeunesse et leur insouciance, Dupont et Ntamack ont pour point commun d’être ce que les AngloSaxons appellent des «match winners».
Le plus grand bien
Baille traduit: « Ce sont deux joueurs qui sont capables de vous faire gagner un match, on le voit chaque week-end quand ils jouent avec nous», Dans un style différent. Dupont est un demi de mêlée de type «puncheur», sorte de «neuvième avant» qui fait avancer son équipe sur ses qualités individuelles, très fort dans le un contre un. Cinq franchissements et neuf défenseurs battus en une trentainedeminutes àTwickenham. « C’est vrai qu’il a énormément de capacités physiques, qu’il est redoutable sur les duels. Il est très bon dans les zones proches du ruck, il anime bien aussi », souligne le centre des Bleus Gaël Fickou. Ntamack (19 ans, 2 sél.) attaque lui moins la ligne et créé davantage d’espaces pour ses coéquipiers par sa vista et sa vitesse gestuelle. A l’ouverture ou au centre, où il a honoré sa première sélection et où il s’est imposé au Stade Toulousain cette saison. Mais il ne peut pas jouer là sur son gabarit, plutôt modeste pour les canons du poste (1,86 m pour 86 kg). Aussi talentueux soient-ils, Dupont et Ntamack n’ont été titularisés ensemble à la charnière qu’une seule fois, en Challenge européen en janvier 2018. Dès lors, l’encadrement des Bleus prend-il le risque de les «griller» ? Régis Sonnes, co-entraîneur en chef du Stade Toulousain, ne le pense pas: «Jenevoisque les choses de façon positive (...) En matière d’expérience, ce sont des choses qui ne peuvent être que bénéfiques à vivre pour progresser mentalement, en terme de gestion d’émotions. Ca va leur faire le plus grand bien.» Le XV de France l’espère aussi.