Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une nouvelle vie pour le sable souillé par les hydrocarbures
Le Centre de production d’éco-matériaux (CPEM) d’Envisan a été retenu pour valoriser le sable contaminé par la pollution aux hydrocarbures, qui a touché les côtes varoises il y a quatre mois
Plus d’une cinquantaine de plages touchées, le plan Polmar-Terre déclenché par le préfet du Var… La collision entre deux navires marchands au large du cap Corse, le 7 octobre dernier, a laissé des traces et causé de sérieux dégâts environnementaux. Quatre mois plus tard, les boulettes sombres et visqueuses qui se sont répandues sur tout le littoral varois ont certes disparu. Mais la pollution du sable, elle, n’est pas toujours visible à l’oeil nu. Et les compagnies compétentes pour traiter cette contamination invisible ne courent pas les rues. La société Envisan est l’une des seules en France habilitées dans ce domaine, grâce à son Centre de production d’éco-matériaux (CPEM), basé à La Seyne. Elle a ainsi obtenu une autorisation en fin d’année dernière pour traiter tout le sable contaminé, prélevé par l’entreprise Le Floch Dépollution (lire ci-dessous). Depuis près de trois mois, Envisan s’est doté d’un nouvel outil de traitement et de valorisation des déchets par lavage physicochimique (lire ci-dessous). Un équipement « quasiment unique en France » qui lui permet traiter pas moins de 30 tonnes de matériaux par heure. Ouverte sur la mer, la plateforme seynoise offre une vue imprenable sur le port militaire de Toulon et sa rade. Ce n’est pas un hasard si la société mère Jan De Nul Group a choisi d’implanter sa filiale en plein coeur du port de Brégaillon. Un endroit stratégique. Camions et bateaux vont et viennent aisément sur le site.
Économie circulaire
Le CPEM a pour vocation de traiter terres et sédiments (non dangereux) provenant de tout l’arc méditerranéen français, « de Perpignan à Menton », pouvant même déborder sur la Principauté voisine. Envisan a en effet été sollicité pour traiter les sédiments « non immergeables » issus du chantier de l’anse du Portier, à Monaco. La matière à traiter provient généralement d’anciennes friches industrielles, de stations-service, de chantiers divers et autres sites pollués par l’activité anthropique. C’est aussi Envisan qui réceptionne par exemple les sédiments dragués au quai des CNIM à La Seyne ou autour de l’embarcadère des Sablettes. « La France, comme la plupart des pays latins, pose Lilian Rahyr, responsable technico-commercial de la plateforme, est un peu en retard à ce niveau. Dans la mesure, précise-t-il, où le déchet, quel qu’il soit, on ne le veut pas ou on ne le voit pas. En tout cas, si on le voit, c’est comme un problème. » Envisan entend donc transformer ces « problèmes »en« solution intermédiaire », selon la logique simple du« réemploi ». Le but : « En finir avec l’habitude de tout enfouir. »Lilian Rahyr résume la chose ainsi : « Le déchet de l’un peut être la matière première de l’autre. » Le groupe luxembourgeois Jan De Nul aime mettre en avant ce principe « d’économie circulaire ». Une manière aussi de rassurer les quelques voix qui s’étaient opposées à l’implantation du Centre de traitement et de valorisation de sédiments et de terres, il y a un peu plus de trois ans.