Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un accusé fiché comme indic par l’office antistups
Comment l’un des accusés a-t-il pu être inscrit au bureau central des sources par l’office central de répression des trafics illicites de stupéfiants (OCRTIS), l’office par ailleurs chargée d’enquêter sur l’affaire Air Cocaïne. La cour d’assises spéciale s’est longuement posé la question hier. Lors du second vol suspect – cette fois sans surplus de bagage –, le passager unique du vol « nous dit qu’il a été mis dans un bureau (à l’aéroport de Quito, Équateur, Ndlr), questionné et pris en photo », relate le pilote Pascal Fauret. « J’avais été très choqué et j’en ai rendu compte à [Fabrice Alcaud, l’un des associés de la compagnie aérienne en cause]. » Par l’intermédiaire d’une connaissance commune, Fabrice Alcaud fait alors parvenir une copie du passeport du passager à un policier. « Même si je ne suis pas spécialiste en stupéfiants, la fréquence des vols et leurs destinations me paraissaient bizarres », indique celui-ci, qui met en relation Fabrice Alcaud avec un agent de l’OCRTIS. « Je l’ai eu à deux ou trois reprises au téléphone et on a convenu d’un rendez-vous physique », explique ce dernier. Entre-temps, l’avion est intercepté à Punta Cana et « l’affaire Air Cocaïne a débuté ». Le rendez-vous a été maintenu. L’échange aurait duré une vingtaine de minutes dans un café parisien. « Fabrice Alcaud s’inquiétait pour l’avenir de la société », indiquera le commandant de police. « Aussi pour les deux pilotes », selon Fabrice Alcaud qui assure à son interlocuteur qu’il n’est pas impliqué. Il aurait aussi évoqué « des paiements au cul de l’avion », ce qu’il conteste aujourd’hui assurant qu’aucun règlement de la sorte n’a été effectué. En attendant d’y voir plus clair, Fabrice Alcaud a été inscrit comme source, assume le supérieur de l’agent traitant. « Ce qui m’a guidé, c’était de formaliser ce contact. » Problème, les policiers oublient d’en informer la juge d’instruction qui mettra Fabrice Alcaud en examen et obtiendra son placement en détention. « Un problème de communication »qui poussera la juge à dessaisir l’OCRTIS, pour défaut de loyauté, au profit de la gendarmerie et de la douane judi- ciaire.