Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Deux voleurs de truffes pris en flagrant délit à Ampus
La saison trufficole a beau tirer à sa fin, sous des auspices un peu moins mauvais que les années précédentes, les professionnels n’en sont pas moins de la plus grande vigilance dans la surveillance de leurs plantations. Et si le calme semblait revenu sur le front de la rapine nocturne dans les truffières, après les épisodes dramatiques qui avaient défrayé la chronique il y a quelques années dans le Vaucluse notamment, deux voleurs sont néanmoins tombés sous les fourches caudines de la gendarmerie. Et ils risquent gros, tant sur le terrain que devant la justice où ils seront présentés, comme le confirmait hier le parquet de Draguignan, le 15 avril prochain lors de l’audience correctionnelle du tribunal de Draguignan.
grammes dans les poches
Mardi soir, donc, à la nuit tombée, vers 20 heures, Jean-Daniel Pèbre, trufficulteur ampusian, a relevé des mouvements suspects dans l’une de ses précieuses truffières. Un véhicule s’y avançant, tous feux éteint, dans la pénombre. « Cela fait environ deux mois que j’avais constaté des vols dans la propriété. Et comme ce n’est pas la première fois, j’ai des dispositifs de captation vidéo qui m’ont permis d’identifier
les deux individus. » Alertés dans l’instant, les gendarmes de la communauté de brigade de Lorgues gagnent le lieu de la rapine et, avec l’aide du trufficulteur, bloquent les deux routes d’accès au site. Les deux hommes cagoulés sont interpellés en flagrant délit. Outre leur présence à cette heure indue dans une zone « sensible », ils n’ont pas eu le temps de se débarrasser de quelque 725 grammes de « rabasses », stockées dans leurs poches. Difficile, dans ces conditions et à l’occasion de leur placement en garde à vue, de nier les faits… Une audition sans doute plus fructueuse qu’attendue, puisque ces deux Varois (l’un serait résident de Transen-Provence, l’autre du Luc), dont les identités n’ont pas été communiquées, auraient concédé avoir volé de précieux champignons les 5 et 11 février derniers.
ans et euros
Difficile, pour Jean-Daniel Pèbre, d’évaluer le montant dérobé lors des rapts précédents. « On sait seulement ce qu’il nous reste… » Pour le trufficulteur, l’interpellation des voleurs est toutefois un soulagement. « C’est une charge supplémentaire de devoir surveiller son terrain la nuit. Et le quotidien d’un trufficulteur, c’est loin des clichés que l’on prête à la profession : on travaille énormément pour des bénéfices limités. » On ne savait pas, hier soir, si le butin était destiné à leur consommation personnelle. Mais la quantité « cavée » a tout lieu de laisser penser que quelque opération commerciale a pu motiver le vol. Le cours de tuber melanosporum oscillant actuellement entre 700 et 800 euros/kg au détail. Il demeure, que ce type d’infraction, visé par l’article L163-11, est passible de 75 000 euros d’amende et de 5 ans d’emprisonnement. Ça fait cher le kilo de « diamant noir »…