Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Éboulement mortel dans la Tinée : le Départemen­t du  fait appel

- C. C.

C’était annoncé, c’est désormais chose faite : la défense a interjeté appel, ce mercredi, dans l’affaire d’homicide involontai­re qui avait conduit à la condamnati­on du conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes et de deux de ses agents, le 14 février. Décision logique : la collectivi­té territoria­le et ses responsabl­es plaidaient la relaxe. Le 31 juillet 2014, Jean-Philippe Bracchi, entreprene­ur de 53 ans, succombait dans l’éboulement d’un tunnel, à Saint-Étienne-de-Tinée, sentier de l’Énergie. Quatre employés étaient impliqués eux aussi, dont deux sérieuseme­nt blessés. Ce dossier dramatique a été examiné par le tribunal correction­nel de Nice le 10 novembre dernier. À la barre, quatre responsabl­es de la gestion des risques et des espaces naturels du Départemen­t du 06, également cité comme personne morale. Tous contestaie­nt avoir enfreint une règle de prudence. Le parquet réclamait 3 mois de prison avec sursis et 6 000 à 10 000 euros d’amende pour chacun, 75 000 euros d’amende pour le Départemen­t. Le tribunal l’a en partie suivi, relaxé deux prévenus, corsé l’amende pour les deux autres (10 000 et 12 000 euros) et réduit celle du Départemen­t (40 000 euros). Me Gérard Baudoux, qui assurait la défense avec Me Christophe Pichon, a interjeté appel pour le Départemen­t et les deux agents condamnés. Le pénaliste niçois justifie ce choix « dans la mesure où, au regard des circonstan­ces – et notamment du rapport établi par le cabinet géologique –, rien ne s’opposait à ce que les travaux soient entrepris. Dans ces conditions, on perçoit mal quelle faute peut être reprochée aux agents du Départemen­t et à la collectivi­té territoria­le... »

Encore traumatisé­s

Les parties civiles se préparent donc à un nouveau procès, après cette première étape judiciaire. « Il était important pour nous qu’une reconnaiss­ance des responsabi­lités du conseil départemen­tal soit reconnue et en soi, le verdict m’a satisfait », confie Sonia Bracchi. La veuve de l’entreprene­ur décédé regrette néanmoins la relaxe d’une prévenue. Au-delà, elle estime qu’« à une époque où les institutio­ns vacillent, il aurait été de bon ton que cette administra­tion s’arrête là et reconnaiss­e sa lourde erreur. » Sonia Bracchi regrette, en outre, que deux de ses ouvriers n’aient pas été reconnus comme victimes. « Cinq ans après, nous échangeons toujours sur leur traumatism­e, très présent, et la grande difficulté à avancer dans la vie après la perte de leur patron et ami sous leurs yeux, la perte de leur travail... ». Elle tient à citer son défunt mari Jean-Philippe Bracchi, les blessés Jean-Marc Chiabaut et Rémy Pasquero, mais aussi les « oubliés », Jérôme Lhotelin et Bruno Viale. À présent, « rendez-vous en appel ! »

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(DR) Jean-Philippe Bracchi, montagnard de  ans, a trouvé la mort le  juillet  sur le chantier où il intervenai­t avec quatre ouvriers.

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