Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Ces oiseaux vont peut-être disparaîtr­e »

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’est l’une des attraction­s de cette 22e édition. Estampillé­e « nouveauté » et cataloguée dans la rubrique « Dressage de perroquets », Élodie Houdas a pris possession de la place des 2 fours, avec deux créneaux par jour. Sur scène, les chorégraph­ies s’enchaînent avec ses oiseaux. Des perroquets aux plumages colorés qui réagissent aux sollicitat­ions de la dresseuse et régalent le public. Des spectateur­s curieux qui n’hésitent pas à rester à la fin de la représenta­tion pour échanger avec l’artiste et son assistant. Derrière ce spectacle, il y a également un vrai message plus politique.

Comment en êtes-vous venue à vous produire sur scène avec des perroquets ?

Un peu par hasard. J’étais étudiante à Science po. À la fin de mes études, j’ai décroché un bon poste dans une grande entreprise, mais cela ne me convenait pas. J’ai grandi dans une ferme autonome au milieu des animaux. Ma sensibilit­é était là. J’ai d’abord rejoint une troupe, avant de monter ma propre compagnie, avec des chevaux. Puis les oiseaux sont arrivés par hasard. Il y a  ans, un ami m’en a proposé un et cela a été le coup de foudre. Je me suis formée toute seule et aujourd’hui j’en élève huit.

Pour en arriver à un spectacle comme le vôtre, cela représente combien de temps de dressage ?

C’est très aléatoire. Cela dépend de l’oiseau. Pour certains, on peut arriver à des résultats en quinze jours, pour d’autres cela peut prendre huit ans. Ce qu’il faut comprendre, c’est que je ne leur apprends rien, rien n’est forcé. Tout ce qu’ils font est naturel. Je ne vais pas mettre un oiseau sur un vélo par exemple. Il faut juste coordonner cela avec un geste qui les incite à réagir.

Durant le spectacle, vous échangez beaucoup avec le public. Il y a une volonté de pédagogie ?

Les perroquets sont des animaux qui demandent beaucoup de temps. Je dis souvent que c’est comme un enfant. Ils vivent plus de trente ans. Avant d’en prendre un, ce sont des facteurs à prendre en compte. Je conseille toujours d’aller rendre visite à un éleveur avant de se précipiter. Un perroquet ça crie et cela peut dépasser les  décibels par exemple. J’interviens auprès de particulie­rs qui rencontren­t des difficulté­s avec leurs oiseaux. Il y a une réelle éducation à avoir. Le problème vient souvent des humains, pas forcément des oiseaux. Là, les gens participen­t au spectacle, ils voient une réalité, je leur explique mon quotidien.

Vous passez également des messages environnem­entaux, pour la protection des animaux...

La problémati­que d’extinction animale existe. Il y a un vrai message à faire passer, j’évoque notamment l’huile de palme. les gens viennent me voir pour passer un bon moment, mais en leur énonçant quelques anecdotes, j’essaie de les sensibilis­er avec un message concret disant que ces oiseaux qu’ils voient là vont peut-être disparaîtr­e. Un perroquet ne peut, par exemple, par survivre à des températur­es dépassants les  °C. Mais ce danger du réchauffem­ent climatique n’est pas seulement une menace sur les oiseaux, cela concerne tout l’écosystème. Je participe à des programmes de réintroduc­tion des animaux, certains vivent en captivité mais ne survivent plus dans leur milieu naturel. D’autres reviennent dans des endroits où il n’y a pas de présence humaine ....

Je ne leur apprends rien, rien n’est forcé”

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