Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Vente de masques : la Région pose un ultimatum
Renaud Muselier, « donne trois jours à la grande distribution pour prouver qu’elle n’avait pas de stocks secrets de masques ». La fédération du secteur dénonce «unfauxprocès»
Nouvelle escalade dans la polémique de mise en vente, à partir de demain, de plusieurs millions de masques en supermarché. Après les pharmaciens, c’est le président de la Région qui s’attaque aux grandes surfaces. Dans un communiqué envoyé hier, à la mi-journée, Renaud Muselier les suspecte d’avoir caché leurs stocks de masques, alors que les soignants en manquaient, afin de les revendre plus tard à leurs clients. L’élu Les Républicains (LR) affirme avoir saisi son avocat pour demander « la justification complète de l’achat de ces masques, date de commande et surtout date de livraison à l’appui. » Et pose un ultimatum : « Je donne trois jours à la grande distribution pour prouver qu’elle n’avait pas de stocks secrets de masques pendant la crise. »
« Il n’y a pas de stock caché »
Sinon, Renaud Muselier a indiqué qu’il « [déposerait] immédiatement une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui […] et non-assistance à personne en danger ». Au même moment, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD),
Jacques Creyssel, se défendait au micro de Franceinfo. « On voit bien qu’il y a des débats politiques. Mais il n’y a pas de stock caché ! Les masques qui représentent effectivement une masse importante, ce sont des commandes. Tous les chiffres qui ont été donnés, ce sont des masques qui vont arriver progressivement. » Ce qu’a confirmé Michel-Edouard Leclerc, président du Comité stratégique des centres E. Leclerc, le matin même, à BFM Éco. « Nous avons sécurisé 170 millions de masques mais nous ne les avons pas, a-t-il indiqué. Nous les recevrons petit à petit et nous les mettrons progressivement en magasin à partir du 4 mai. Et je ne veux pas en faire un argument commercial. » La quasi-totalité des masques à usage unique seront vendus à prix coûtant a assuré Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution.
Il a rappelé par ailleurs que, dans les premières semaines de la crise, au plus fort de la pénurie, « tous les masques » de type FFP1 et FFP2 que les grandes surfaces avaient en stock ont été « donnés à l’ensemble des hôpitaux ». Obligeant les salariés à travailler, au moins les premiers jours du confinement, sans masque de protection, le temps que les enseignes reçoivent leur commande.
« Une mission de service public »
« Nous avons fait en sorte de multiplier les dons depuis plusieurs semaines, s’est indigné Jacques Creyssel. Donc pas de faux procès ! Nous sommes au contraire dans une mission de service public qui est de faire en sorte que les Français puissent avoir accès à des masques. J’ai le sentiment que nous le faisons de la meilleure façon possible. Ça fait dix jours qu’on nous a demandé de vendre des masques (l’annonce a été faite mercredi par l’État, au lendemain de la présentation du plan de déconfinement, Ndlr). Nous nous battons nuit et jour pour y arriver et se faire critiquer de cette façon-là, très franchement, on trouve ça extrêmement désagréable. »