Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Ne pas laisser mourir » les artisans et commerçants
S’ils vantent « le travail accompli par le gouvernement », les députés varois de la majorité présidentielle pointent des « limites technocratiques » et avancent des idées pour aider les artisans
Les six députés varois de la majorité La République en marche (LREM) – photos cidessous de gauche à droite : Valérie Gomez-Bassac, Émilie Guerel, Fabien Matras, Sereine Mauborgne, Philippe Michel-Kleisbauer (MoDem) et Cécile Muschotti – ont cosigné une tribune « pour sauver nos artisans et petits commerces » à l’adresse du gouvernement. Cette tribune est « à la fois une reconnaissance du travail accompli par le gouvernement et une alerte sur les limites technocratiques de certaines décisions », précisent les parlementaires. Les élus estiment d’abord que, faceà« une pandémie dont l’impact n’a pas d’égal, notre société réagit dignement. Le confinement est respecté, les professionnels de santé repoussent les murs des hôpitaux et une industrie vient les épauler », tandis que « nos champs, nos fermes » viennent « alimenter les Français au quotidien ». Mais « une grande part de notre production industrielle et certains services commerciaux sont à l’arrêt. Parmi eux, une trop grande partie des artisans qui font vivre les villes et villages de France. »
Les premiers symptômes de la crise économique
Or, « les artisans et commerçants sont un maillon essentiel de l’animation de nos quartiers, et du dynamisme économique d’un territoire : nous ne pouvons pas les laisser mourir », assènent les députés, « fiers que le gouvernement se place à la hauteur de l’enjeu présent en prenant de nombreuses mesures exceptionnelles (lire par ailleurs) ».
Aussi, même « si l’on voit poindre le début de la fin du confinement, la crise économique ne montre que ses premiers symptômes. Pour éviter qu’elle n’emporte nos artisans et commerçants, nous en appelons au gouvernement pour augmenter la prévention et faire tomber les barrières d’accès à ces dispositifs vitaux. » Le gouvernement a fait chuter le seuil de perte de chiffre d’affaires requis pour bénéficier de l’aide mensuelle de 1 500 euros de 70 à 50 % du chiffre d’affaires mensuel moyen. « Nous l’appelons à baisser ce seuil à 33 % pour les plus petites structures dont les charges sont parfois telles qu’une diminution qui paraît aussi faible, peut engendrer un déficit dont elles ne peuvent pas se relever », proposent ainsi les députés.
Ces mêmes artisans « constituent la majeure partie des 5 % d’entreprises qui se sont vues refuser un prêt garanti par l’État. Pourtant, l’obligation d’avoir un salarié dans l’entreprise pour bénéficier de l’aide complémentaire de 2 000 euros en empêche beaucoup trop d’y avoir recours », observent-ils encore.
« Ôtons ces barrières »
« Ôtons ces barrières qui paraissaient impossibles à surmonter pour des artisans et nos petits commerçants qui ne disposent pas d’une armada de juristes et de conseillers financiers ou comptables », exhortent les députés LREM à l’adresse du gouvernement. « L’obligation de justifier a priori l’impossibilité de régler les dettes exigibles dans les trente jours en est l’exemple parfait dans un contexte où l’inconnue est
devenue la norme. N’enfonçons pas nos entreprises qui auraient déjà accumulé une dette fiscale ou sociale en les empêchant d’accéder à ces dispositifs, mais accompagnonsles à rééchelonner leurs engagements pour sortir, ensemble, grandis de cette crise .» Les six députés varois concluent : « Évitons d’ajouter au danger économique, une crise sociale qui pèse sur les ménages qui entreprennent, par une considération du statut des conjoints-collaborateurs (...). Ensemble, sauvons le patrimoine économique et culturel, le savoir-faire et les emplois qui font vivre nos territoires ! » La balle est désormais dans le camp du gouvernement : saura-til être à l’écoute de ses propres parlementaires ?