Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les enfants du personnel médical sous bonne garde

Professeur­s et agents Atsem encadrent les petits Raphaëlois et Fréjusiens dont les parents sont « indispensa­bles à la gestion de la crise sanitaire » comme le prévoit la loi. Ambiance

- N. PASCAL npaspal@nicematin.fr

Un parfum d’été et d’insoucianc­e flotte dans l’air. Sous un chaud soleil, ce vendredi 1er mai, l’heure est aux jeux en extérieur. La cour de l’école Monge-Roustan, à Saint-Raphaël, paraît immense pour la petite dizaine d’enfants occupés à jouer, sous les yeux attentifs des adultes. Une scène qui, à première vue, pourrait sembler banale, mis à part le fait que les enfants sont vraiment peu nombreux pour un espace aussi grand. Mais à bien scruter la scène, un oeil averti se rend compte que chaque jeu respecte la fameuse distanciat­ion nécessaire en cette période de pandémie. Une table de ping-pong sépare deux joueurs ici, des plots en éloignent quatre autres là, qui n’ont toutefois aucun mal à échanger en parlant un peu plus fort qu’à l’accoutumée.

« L’accueil fonctionne tous les jours ! »

« En intérieur, quand c’est le moment de travailler, ils sont tous à au moins un mètre de distance les uns des autres. Mais aujourd’hui (vendredi), c’est férié, alors les enfants vont beaucoup jouer », sourit Patricia Houdus, enseignant­e habituelle­ment à l’école de l’Aspé. Comme Bénédicte Bop, professeur­e des écoles à la maternelle de la Lauve en grande section, elle s’est portée volontaire, pendant le confinemen­t, pour s’occuper des enfants du personnel médical de Fréjus et Saint-Raphaël. « On est volontaire­s, car il faut bien travailler et s’occuper de ces enfants. Et on est passionnée­s par notre métier », répondent-elles sans hésitation. Patricia Houdus complète : « J’ai moi-même deux enfants qui travaillen­t dans le domaine hospitalie­r, un infirmier et une directrice des ressources humaines dans une clinique. C’est tout à fait normal que ces personnes puissent avoir cette aide. » Qu’ils soient scolarisés à l’école Turcan ou au groupe scolaire Aurélien à Fréjus en semaine, ou à l’école de la Lauve à Saint-Raphaël, les jeunes Fréjusiens et Raphaëlois se retrouvent ensuite ensemble, quand vient le week-end ou le jour férié, au sein de l’école MongeRoust­an de Saint-Raphaël. « Les parents travaillen­t soit à l’hôpital Bonnet, soit en clinique ou peuvent même être en poste dans les différents Ehpad, détaillent les deux enseignant­es. Selon les écoles, en semaine, il y a plusieurs professeur­s des écoles, agents territoria­ux spécialisé­s des écoles maternelle­s (Atsem) et animateurs pour encadrer ces enfants. Et le weekend, on est un peu moins nombreux car, parfois, les parents ont la possibilit­é de s’occuper de leurs enfants. Mais l’accueil des enfants du personnel médical fonctionne tous les jours ! »

Sages et discipliné­s

Sages, discipliné­s, conscients de la période particuliè­re que le pays est en train de traverser, les enfants ne rechignent à aucune tâche inhabituel­le : « Ils savent jouer ensemble à distance respectabl­e, notent les animateurs, qui veillent au bon déroulemen­t de la journée en compagnie des enseignant­es, pour ces enfants âgés de 6 à 11 ans. Ils ont compris l’importance de se laver les mains souvent. » En accord avec ses collègues du jour, Bénédicte Bop ajoute : « Ils s’adaptent même mieux que les adultes ! Ils ont bien saisi l’importance des règles sanitaires, d’autant plus que leurs parents travaillen­t dans ce milieu. » Alors que sa collègue vient de partir prendre les enfants pour l’habituel lavage des mains, Patricia Houdus approuve ce qui vient d’être dit. Mais elle finit par tempérer les propos : « Les enfants ont cependant des réflexes, et c’est compliqué de respecter à la lettre l’interdicti­on de se toucher. Surtout pour les plus jeunes, qui agissent de manière spontanée. Un enfant a besoin de contact, il faut vraiment être très attentifs. » Bénédicte Bop, de retour, renchérit : « Oui, pour les plus jeunes, c’est difficile de leur répondre : “Non, je ne peux pas te toucher, rhabille-toi tout seul !” Humainemen­t parlant aussi, c’est vraiment dur. »

« Dur de se projeter sur l’après  mai ! »

Et pourtant, admettent les adultes, les conditions actuelles sont vraiment légères puisqu’il y a peu d’enfants. « Là, ça va. Mais c’est compliqué de se projeter sur le fonctionne­ment des écoles après le 11 mai, si d’aventure elles sont ouvertes ! Avec toutes les incertitud­es, c’est difficile d’imaginer comment se passera notre façon d’enseigner. Surtout dans un milieu scolaire où, d’habitude, il y a toujours un cadre strict et rigide. » Derrière les enseignant­es, le silence se fait. Les enfants sont retournés en salle et se mettent à dessiner, chacun assis loin des autres camarades. Les adultes ont remis leur masque puisqu’ils se penchent, un à un, sur le travail de leurs protégés pour les aiguiller dans leurs oeuvres. L’heure de déjeuner arrive : pas de cantine bien sûr. « Les enfants amènent leur repas, que l’on range à leur arrivée dans le réfrigérat­eur. À midi, chacun mange dans son coin, mais la bonne humeur est de mise. La preuve, ils ont tous bon appétit », sourient les adultes. 1. Le maire de Fréjus a annoncé qu’il ne souhaitait pas rouvrir les écoles avant septembre. Son homologue raphaëlois prendra sa décision mardi après plusieurs consultati­ons.

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Après chaque passage au baby-foot, les poignées sont minutieuse­ment désinfecté­es Patricia Houdus et Bénédicte Bop des règles sanitaires en vigueur, notamment le lavage très régulier des mains pour tous les enfants.
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(Photos Sophie Louvet) Peu nombreux, surtout le week-end, les enfants sont aisément disposés loin les uns des autres, dans la salle de classe.
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(au centre) veillent au respect

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