Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Dans les pas des auteurs
Jean-Luc Guillet, féru de littérature et de patrimoine, a fondé sa propre maison d’édition. C’était écrit…
Pour retracer le parcours et dresser le portrait du rédacteur en chef du bulletin municipal de Saint-Raphaël, rendezvous est pris devant la villa Marie à Valescure. Tout un symbole – nous y reviendrons – pour celui qui voue une passion sans bornes au patrimoine et à la littérature. Des kilomètres justement, JeanLuc Guillet, du haut de ses soixante printemps, en a ‘‘avalé’’ au gré de sa vie personnelle et professionnelle. Avec l’écriture comme fil conducteur. « J’ai passé mon enfance à Bourges et mon adolescence à Lyon, ville sombre à l’époque, où j’ai obtenu mon Bac L. Puis j’ai migré progressivement vers le Sud pour entreprendre des études de communication et de management à Avignon. Je découvrais enfin un ciel bleu et étoilé ! Le mistral aussi... »
Fitzgerald à la trace
Son emploi dans la communication pour le groupe Gervais-Findus le laisse sur sa faim. L’écriture, au sens littéraire du terme, le titille. « Les livres m’accompagnent depuis tout petit et j’avais envie de m’intéresser en profondeur aux auteurs que j’affectionne, notamment Francis Scott Fitzgerald, dont j’ai lu l’intégralité de l’oeuvre. J’ai même appris qu’il avait fait les corrections de Gatsby Le Magnifique à l’hôtel d’Europe à Avignon. Dans les années 90, en parallèle de mon métier, j’ai commencé à publier des petits articles sur la culture, le patrimoine, des portraits de personnalités pour des magazines, notamment dans Le Figaro-Méditerrannée. J’ai aussi écrit des docs pour la télé sur l’exil des écrivains allemands et les auteurs américains sur la Côte d’Azur. Mon premier livre est né de ce projet ». Un second portera sur les villas de la promenade des Anglais. Les villas et les auteurs qui y ont séjourné : pas à pas, Jean-Luc Guillet va leur emboîter le pas. Son ouvrage biographique (L’été de Zelda) sur le couple Fitzgerald va prendre corps. « Il traite de l’été 1924, où Zelda et Scott s’installent de juin à novembre à Saint-Raphaël, dans la villa Marie. C’est ici que Scott a repris l’écriture de Gatsby. J’ai parcouru la Côte d’Azur sur leurs traces mais je ne trouvais pas cette villa. Un jour, Anne Joncheray [aujourd’hui conservatrice du musée archéologique, N.D.L.R.] m’appelle pour m’indiquer une villa. On regarde avec une ancienne photo prise du couple Fitzgerald sur une terrasse et ça collait avec la villa Marie ! Un projet d’exposition de photos avec la mairie a suivi... Et j’ai rencontré ma compagne à cette occasion ». Jean-Luc Guillet s’installe définitivement à Saint-Raphaël en 2000. Depuis 20 ans, ses projets – une dizaine de livres à son actif – ricochent sur autant de rencontres professionnelles. « Un jour, Roland Bertora, alors DGS de la Ville, me propose de travailler à l’écriture d’un livre concernant l’histoire de la commune (Saint-Raphaël, un jardin d’Eden sur la mer). Plus tard, je serai enrôlé au service communication, dans l’équipe du bulletin municipal Le Lien ». Suivront la création de sa propre structure d’édition, Bohème ( «un concept qui me va bien »), et l’écriture de deux ouvrages sur la
Shoah. « Après un livre sur l’exil des grands auteurs allemands et autrichiens à travers la Côte d’Azur, je me suis intéressé aux anonymes juifs en proie au nazisme à Nice. J’ai réussi à me procurer le numéro de Serge Klarsfeld et je lui ai soumis mon projet. ‘‘Envoyez-moi quelque chose et je verrai’’ m’a-t-il dit. Je lui envoie une dizaine de pages et il accepte de préfacer Rafles, Nice 1942-1944 ». Place à une autre rencontre nimbée d’émotion : Charles Gottlieb, avec qui il écrira Charles Gottlieb : Auschwitz, survivre et témoigner. Le résistant s’est malheureusement éteint à Nice, le 8 mai 2015, juste avant la parution du livre... Jean-Luc Guillet tourne la page avant d’en écrire d’autres. Celles, plus locales, sur les demeures et jardins de la Belle Époque raphaëloise (photo ci-dessous). « J’ai toujours aimé mettre en valeur notre patrimoine et notre histoire. À cette occasion, j’ai rencontré des personnes passionnées, passionnantes et noué des amitiés avec les propriétaires. Je suis même devenu président d’honneur de l’Association villas Belle époque (AVE) ». Dans la foulée, en octobre 2019, l’éditeur publie Pièces manquantes, un polar écrit par sa compagne Caroline Denis. Actuellement, il travaille sur deux ‘‘commandes’’ de la municipalité : un livre consacré aux carriers et un autre aux personnalités passées et présentes. S’arrêtant sur son parcours, JeanLuc Guillet mesure : «Je suis là où je voulais être. J’ai été gâté ».
Je suis là où je voulais être. J’ai été gâté »