Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Pourquoi ça marche

Après Aya Nakamura ou Eva Queen, rendez-vous avec une autre idole des jeunes : Jul, le rappeur marseillai­s qui vient d’aider à récolter 300 000 euros pour les hôpitaux de France

- AMÉLIE MAURETTE

Le 6 juin prochain, il aurait dû se produire dans un Orange Vélodrome plein à craquer. Le concert de Jul dans sa ville, Marseille, affichait complet depuis le mois de février. Un stade de 60 000 places pour lui tout seul. « Donner un concert ici, c’est un rêve d’enfance. Je jouais à l’OM, j’avais la carte d’abonnement, j’y allais tout le temps. Si tout se remplit, ce sera une fierté », confiait-il au Parisien, il y a un an tout juste, alors qu’il recevait 2 000 fans en délire dans l’enceinte du stade marseillai­s pour fêter la sortie de son album Rien 100 rien. La crise sanitaire aura contrecarr­é ses plans. Et c’est bien la seule chose qui, pour l’instant, se sera mise en travers de sa route. Parce que même s’il est l’un des rappeurs-chanteurs les plus clivants du moment, divisant les pour et contre l’usage intensif de l’AutoTune, les pro et anti port des claquettes en toute saison et les plus ou moins amateurs de chansons à texte, Jul a, force est de constater, la recette du succès. Et ce n’est pas les chiffres qui l’entourent qui diront le contraire.

 millions d’albums vendus

119 millions de vues sur YouTube pour le clip de son titre Ma Jolie. 246 millions pour Tchikita. Deux disques parmi les 50 plus vendus de l’année en 2019 Quatre millions d’albums vendus en six ans Un signe de ralliement que tout le monde connaît, des joueurs de foot aux hommes politiques (mais si, les deux mains opposées, comme des canons de revolver vers le haut, formant les lettres J.U.L.)... Mais qu’est-ce qui plaît tant ? Comment, depuis 2014 et la publicatio­n de son premier disque, le dénommé Julien Mari a-t-il pu passer si vite du statut d’inconnu du quartier phocéen de Saint-Jean du Désert, à Jul, « l’ovni » du rap ? D’abord peut-être, sa productivi­té. En six ans, celui qui a fêté ses trente ans au mois de janvier a sorti vingt albums, dont My World qui lui a rapporté une Victoire de la musique en 2017. Il gère paroles et musiques, production­s, visuels… Il a même monté son label (D’or et de platine), après un conflit avec sa première maison de disques. Un album tous les six mois, voilà ce qui s’appelle occuper le terrain.

Freestyle et Auto-Tune

Il mélange les genres aussi. Assumant de la même manière ses freestyles à l’ancienne sur les ondes de Skyrock et ses refrains « autotunés » calibrés pour danser, jusqu’à inventer un style. Dans ses « instru », tout à l’ordinateur, on repère des ambiances latino, reggaeton, funk, des rythmiques dance, d’autres carrément eighties.

Côté textes, il alterne aussi. Le mauvais garçon, le romantique. L’ennui, la fumette, le foot, la famille, les copains. «Unsonpour faire bouger les gens, pour les faire sortir de leurs galères, de leurs problèmes », explique-t-il au site Konbini en juin dernier.

Anti bling-bling

Et surtout, il multiplie les références populaires et accessible­s. Remisant d’un coup l’ambiance blingbling au vestiaire. Et si c’était ça, d’ailleurs, qui expliquait le plus la ferveur de son public ? Il est la star mais il est comme ses fans. Jul débarque en roue arrière sur son scoot’ sur la scène de Bercy. En twingo aux séances de dédicaces. Jul se filme en doudoune Kalenji Décathlon dans ses clips, il a d’ailleurs sévèrement relancé la cote de la marque qui n’hésite pas à communique­r autour de l’artiste. Jul répond à sa «team» sur les réseaux sociaux, fait souvent participer ses fans. Pour son nouvel album, La Machine, qu’il a annoncé pour juin, il a lancé un appel pour recevoir des idées de pochettes. Jul enfin, joue régulièrem­ent la carte de la générosité. Sur la vingtaine d’albums qu’il a sortie, il en a par exemple mis cinq accessible­s gratuiteme­nt sur les plateforme­s de télécharge­ment. Et pour apporter sa pierre à l’effort en faveur des soignants en pleine crise du Covid-19, le rappeur a parrainé une vente aux enchères en partenaria­t avec son distribute­ur et Drouot Digital. Donnant comme lot une quarantain­e de ses certificat­ions d’albums et appelant d’autres artistes à faire de même, il a permis de récolter 306 505 euros pour la Fondation des hôpitaux de France. Mercé la team. 1.ChiffresSy­ndicatnati­onaldel’éditionpho­nographiqu­e. 1. Chiffres fournis par son label de distributi­on Believe.

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