Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le Canada bannit les armes d’assaut
Moins de deux semaines après la pire tuerie de l'histoire du Canada, Justin Trudeau a annoncé vendredi soir l'interdiction des armes d'assaut, honorant une promesse de campagne de 2015 très attendue dans la foulée d'une série de fusillades qui ont choqué le pays. « Ces armes n'ont été conçues qu'à une seule et unique fin : tuer le plus grand nombre de personnes le plus rapidement possible. Et elles n'ont aucune utilité et n'ont pas leur place au Canada », a déclaré le Premier ministre. « À travers le pays, beaucoup de gens utilisent des armes à feu de façon légale et responsable, que ce soit pour travailler ou chasser. Mais vous n’avez pas besoin d’un AR-15 pour abattre un cerf », a-t-il ajouté. Le gouvernement a adopté un décret interdisant l'utilisation, la vente, l'importation et le transport de ces armes de type militaire. L'annonce survient douze jours après qu'un homme a tué 22 personnes en Nouvelle-Écosse en utilisant plusieurs armes, dont au moins une décrite par la police comme une arme d'assaut.
Andrew Scheer, le chef de l'opposition conservatrice, a critiqué cette annonce. « Confisquer les armes à feu des citoyens respectueux des lois ne fait rien pour arrêter les dangereux criminels qui se procurent des armes illégalement », a-t-il dit, en rappelant que le tireur de Nouvelle-Écosse ne détenait pas de port d'arme. Bien que moins fréquentes qu'aux États-Unis, les fusillades ne sont pas si exceptionnelles au Canada et elles ont même tendance « à se produire plus souvent qu'auparavant », a souligné le Premier ministre. Qui a estimé que «des événements comme la tragédie survenue récemment en Nouvelle-Écosse, l'attentat au Centre culturel islamique de Québec en 2017 et le massacre de l'École Polytechnique de Montréal en 1989 n'auraient jamais dû se produire. » Son gouvernement compte présenter prochainement un projet de loi prévoyant « une compensation juste » pour les propriétaires des armes désormais bannies, mais des survivants de précédentes tueries disent d'ores et déjà craindre que ce programme de rachat ne soit pas obligatoire. Le Canada compte actuellement plus de 100 000 armes à feu à autorisation restreinte en circulation parmi les modèles maintenant prohibés.