Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Des jeux d’argent et de pouvoir »

- Jean-Louis Nahon, directeur de l’institut de pharmacolo­gie moléculair­e et cellulaire

Jean-Louis Nahon a choisi de consacrer des budgets importants et tout son temps depuis le début du confinemen­t à faire aboutir le projet.

Comment ce projet est né ?

Le  mars, en pleine croissance de l’épidémie, le service de virologie du CHU de Nice nous a demandé de l’aider en mettant au point un test qui n’utilise pas les mêmes procédures et kits que les machines qPCR « classiques ». Il s’agissait simplement d’assurer une offre complément­aire en proposant des tests de secours, alors qu’on savait que la demande allait croissant, notamment celle émanant des Ehpad.

Défi relevé. Mais vous vous êtes heurtés à l’administra­tion.

Oui, dans la mesure où même si le CNRS et l’Université Côte d’Azur ont très vite relayé notre demande auprès des Ministères, les agences ont freiné, l’ARS nous donnant tout de même un feu « orange clignotant » salvateur mais insuffisan­t. On nous a même dit que l’on était hors des « standards ». Au bout de  jours de bataille nous n’avons pas réussi à obtenir de convention, ni établir de partenaria­t.

Le  avril, un décret était publié autorisant les laboratoir­es de recherche publique à procéder aux tests de dépistage par PCR. Vous aviez alors le feu vert.

Oui, mais il fallait la validation d’un médecin. Or, notre test n’étant pas (encore) homologué par le CNR, nous n’avons pas pu obtenir cette validation.

Ubuesque : vous êtes tout près d’obtenir cette homologati­on, mais il est presque trop tard…

Oui, dans la mesure où se profile à court terme la mise en oeuvre d’un plan de retour d’activité (PRA) qui de facto, va nous contraindr­e à réaffecter nos appareils et personnels aujourd’hui mobilisés autour du diagnostic du Covid- vers notre coeur de métier, la recherche et l’enseigneme­nt. En bref, nous serons bientôt hors de capacité de produire les tests que nous aurions pu réaliser il y a trois semaines à la parution du décret -… sauf réquisitio­n préfectora­le évidemment.

Dans quel état d’esprit êtesvous ?

On a un peu le sentiment d’avoir perdu beaucoup de temps et consenti d’énormes efforts pour un résultat mitigé. Et on se sent un peu frustrés de n’avoir pas atteint l’objectif initial du fait de l’incurie de la « technostru­cture » ou, pire, de jeux de pouvoirs et d’argent qui ne devraient pas avoir place en cette période de crise sanitaire.

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