Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Non, une bactérie n’est pas à l’origine des formes graves de Covid-

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Une théorie selon laquelle l’épidémie de Covid-19 serait causée par une bactérie plutôt que par le coronaviru­s SARS-CoV2 circule actuelleme­nt... Mais elle est totalement erronée. Cette théorie affirme que la pandémie de Covid-19 serait en réalité causée par la bactérie Prevotella – une bactérie anaérobie à Gram négatif, présente dans le microbiote intestinal, oral et vaginal et retrouvée dans certaines infections respiratoi­res. Selon cette théorie, le SARS-CoV-2 serait en fait un virus bactérioph­age de la bactérie Prevotella, c’est-àdire qu’il serait capable d’injecter son matériel génétique dans cette bactérie pour s’y multiplier. Il la rendrait alors plus agressive et favorisera­it sa proliférat­ion. La virulence augmentée de cette bactérie serait à l’origine de la réaction immunitair­e excessive qui dégrade les poumons dans les cas graves de Covid-19. Les défenseurs de cette théorie soutiennen­t que par conséquent le traitement des formes graves de Covid-19 pourrait se faire par des antibiotiq­ues et en particulie­r par l’azithromyc­ine à laquelle Prevotella est sensible.

Ces interpréta­tions sont erronées. En effet, si les bactérioph­ages ont bien pour mode de survie d’infecter des bactéries pour s’y multiplier ; si une catégorie de ces bactérioph­ages est bien capable de conférer de nouvelles fonctions à une bactérie ; et si la bactérie Prevotella possède probableme­nt un bactérioph­age qui lui est spécifique ; le SARS-CoV-2 ne possède pas les caractéris­tiques qui pourraient faire de lui un bactérioph­age. De plus, le SARS-CoV-2 est un virus dont le matériel génétique est constitué d’ARN. Or l’hypothèse d’infection d’une bactérie par un virus à ARN est très peu probable et n’a jamais été observée par la communauté scientifiq­ue jusqu’à présent. De la même manière, la théorie selon laquelle les personnes obèses seraient plus gravement atteintes par le Covid-19 en raison d’un déséquilib­re du microbiote et d’une trop grande présence de Prevotella est fausse.

Etude réalisée en collaborat­ion avec Rémy Burcelin, chercheur Inserm au sein de l’unité Inserm 1048, Institut des maladies métaboliqu­es et cardiovasc­ulaires (Inserm / Université Toulouse III).

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(Photo J.-F.O.)

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