Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
En France, Les Républicains haussent le ton envers le gouvernement
Les Républicains à l’offensive. Le chef de file des sénateurs du parti de droite, Bruno Retailleau, très critique sur le nouveau projet de loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire et organisant le déconfinement, affirme dans Le Journal du dimanche que les sénateurs de son parti saisiront le Conseil constitutionnel. Cette saisine se fera « au terme de la procédure législative, soit par 60 sénateurs, soit par le président [LR] du Sénat, Gérard Larcher », indique-t-il. Principal point de discorde : le président de la République n’a pas tenu, à ses yeux, ses « engagements » sur la responsabilité des élus. « Le 21 avril, Emmanuel Macron s’était engagé auprès de Gérard Larcher à traiter [cette] question. Or elle est absente du texte. » Un sujet qui préoccupe Les Républicains, notamment à propos de la réouverture des écoles. Le protocole sanitaire en la matière, qui égrène au fil de 63 pages des règles d’hygiène très strictes, abondamment critiquées (nos éditions d’hier), « est une usine à gaz hors sol. [...] Ces règles sont autant de potentielles mises en cause de la responsabilité pénale d’un élu », estime Bruno Retailleau. La majorité s’active d’ailleurs à tenter de rassurer les maires à ce sujet (lire ci-dessous).
« Des failles béantes » concernant le traçage
Bruno Retailleau s’est d’ailleurs montré moins affirmatif sur Europe 1 / CNews / Les Échos, où il a indiqué que Gérard Larcher « pourrait » saisir le Conseil constitutionnel, et que les sénateurs LR allaient d’abord amender le texte. Ces derniers proposeront en outre trois modifications de l’article 6 sur le suivi des malades : la création d’une « instance de contrôle », le refus de légiférer par ordonnances, et la possibilité, « pour les tiers ayant possiblement été contaminés par d’autres alors que ce serait faux », de refuser d’être inscrits au fichier de suivi des malades. Le sénateur de Vendée dit au JDD voir des « failles de sécurité béantes » dans le système d’information des malades « sans anonymisation
», sans « aucune instance de contrôle, ni pour la collecte des données, ni pour leur destruction ensuite », jugeant l’application numérique StopCovid « plus protectrice que ce qu’on nous propose aujourd’hui ». M. Retailleau indique en outre que le groupe LR, majoritaire au Sénat, s’abstiendra, comme la majorité des députés LR, sur la stratégie de déconfinement qui doit être présentée demain au Sénat par le Premier ministre (avant l’examen du projet de loi) « parce que nous ne voulons pas voter contre le principe du déconfinement, mais que nous avons des doutes sur les conditions de sa réussite ».